Coronavirus : bientôt le stade 3 de l’épidémie ?
Le gouvernement a mis en place samedi 29 février de nouvelles mesures contre le coronavirus, dont l’interdiction de rassemblements et l’annulation d’événements publics. Ces décisions marquent l’entrée en stade 2 de l’épidémie.
Ces derniers jours, la France a franchi un cap dans l'étendue de l'épidémie du coronavirus. On compte aujourd'hui 130 personnes infectées, 12 personnes guéries, trois décès et 116 patients hospitalisées, dont huit dans un état grave, selon le dernier bilan annoncé ce lundi 2 mars.
Interdiction de rassemblements, fermeture d’écoles, déplacements limités… Le ministère de la Santé a annoncé samedi 29 février la mise en place de mesures correspondant à un stade 2 de l’épidémie de coronavirus Covid-19.
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Stade 1 : freiner l'arrivée du virus dans le pays
Que signifie l'entrée dans ce stade ?
Le plan de lutte contre le coronavirus - calqué sur le plan de lutte contre la grippe H1N1 de 2009 - définit trois stades de mesures selon l’avancée de la propagation du virus. Le passage d'un stade à l'autre "ne doit pas inquiéter" selon le Premier ministre, Edouard Philippe qui a décrit ces stades jeudi 27 février 2020.
Le premier stade a pour but de freiner l’introduction du virus et de traiter les cas isolés. Il implique notamment :
- le confinement de personnes revenant de zones à risque
- la vérification de l’état de santé des voyageurs.
- la constitution de stocks de produits de santé
- la mise en place de plates-formes d’information.
Stade 2 : freiner la propagation du virus
Le stade 2, dans lequel se trouve actuellement la France, a pour objectif de freiner la propagation du virus. Il s’agit, comme pour le stade 1, d’une stratégie d’endiguement de l'épidémie.
En pratique, le stade 2 peut entraîner :
- la limitation des déplacements
- la mise en place de télétravail
- l’annulation de manifestations publiques ou encore la fermeture d’écoles à l’échelle territoriale.
Cette "politique de prévention plus stricte" a pour objectif de "limiter la diffusion du virus par le brassage des populations", a expliqué le 29 février le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Concrètement, le passage en stade 2 signifie que le virus circule sur le territoire français. L’heure n’est donc plus à confiner les personnes qui reviennent d’une zone à risque : dans la mesure où le virus "circule déjà" en France, "il n'y a plus vraiment de raison de confiner des personnes qui reviendraient de zones que nous avions classées en orange", a expliqué le ministre de la Santé. Conséquence pour les élèves de retour de Lombardie et de Vénétie, deux des régions touchées en Italie : ils "pourront retourner dès à présent à l'école". Même consigne pour les employés jusqu'ici en télétravail.
En revanche, des mesures plus strictes ont été prises dans les trois principaux foyers de propagation du virus en France : neuf communes de l'Oise, la commune de La Balme-de-Sillingy en Haute-Savoie et trois communes dans le Morbihan. Tous les rassemblements sont interdits et les habitants sont priés de limiter leurs déplacements.
Un passage en stade 3 "probable"
Selon des informations de Libération, "les autorités sanitaires considèrent que le stade 3 de l’épidémie était dimanche atteint dans trois régions : l’Ile-de-France, les Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes".
Mais aujourd'hui, compte tenu des disparités régionales, les autorités parlent plus de "mosaïque épidémiologique" que d’épidémie nationale.
Le ministre de la Santé considère que le passage de l’épidémie en stade 3 est désormais "probable". Il correspondrait à une situation où le "virus circule largement dans le pays" selon Edouard Philippe. Dans ce cas, la stratégie sanitaire est différente du stade 1 et 2. On passe "d'une logique de détection et de prise en charge individuelle à une logique d'action collective" explique le ministère de la santé.
Le stade 3 implique :
- la mobilisation de tous les secteurs de l'offre de soins
- le renfort des professionnels de santé
- la protection des populations fragiles (notamment en Ehpad)
- la prise en charge des patients sans gravité en ambulatoire
- la prise en charge des patients avec gravité en établissements de santé
- la restriction de circulation (fermeture de lignes de train par exemple)
- un plan de continuité pédagogique des élèves
- des mesures de chômage partiel.
L’importance des mesures-barrière
"Nous faisons tout pour freiner l'évolution, ralentir la propagation du virus, protéger les zones qui ne sont pas touchées ou peu touchées, réduire les contacts et les mélanges de population de ces zones", a de son côté assuré le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. "Ces mesures sont provisoires et nous serons sans doute amenés à les faire évoluer, ce sont des mesures contraignantes et nous souhaitons paradoxalement qu'elles durent un peu, parce que cela voudrait dire que nous parvenons à contenir la propagation du virus", a ajouté Olivier Véran.
Pour bloquer le virus, c’est surtout l’application de "mesures-barrière" qui est primordiale : se laver les mains, éternuer et tousser dans son coude et utiliser des mouchoirs à usage unique. Il est également déconseillé de se serrer la main et de se faire la bise.
Edouard Philippe a exhorté lundi 2 mars "chaque Français" à devenir "un acteur de cette lutte" contre la propagation du nouveau coronavirus.