Coronavirus : contagion, sévérité, risque de mutation, les réponses d'une virologue
La professeure Astrid Vabret, cheffe de service de virologie au CHU de Caen, nous éclaire sur le nouveau coronavirus qui progresse dans le monde et qui a fait son entrée en France.
- Ce virus est-il, comme les autorités sanitaires chinoises le disent, "plus contagieux mais moins puissant" que le Sras ?
Pr Astrid Vabret, CHU Caen : "C’est effectivement ce que semblent montrer les dernières études publiées. Le taux de transmission du virus, appelé R0, est un indicateur grossier qui permet d’estimer le nombre de cas secondaires à partir d’un cas index. Plus le R0 est élevé, plus le virus est contagieux. Selon les dernières données, le R0 varie pour le 2019-nCoV entre 2,6 et 3,8 alors qu’il n’était que de 2 pour le Sras. Le nouveau coronavirus serait donc plus contagieux et plus transmissible que le Sras.
Quant à savoir s’il est moins « méchant », il est un peu tôt pour cela. Le taux de mortalité du virus calculé avec le nombre de morts et le nombre de cas est actuellement estimé à 5%. Le taux de cas sévères, c’est-à-dire de pneumonies qui nécessitent une prise en charge avec des soins de support est quant à lui de 20 ou 25%. Mais il ne s’agit que de moyennes qu’il va falloir affiner."
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- Le virus 2019-nCoV est-il capable de muter ?
Pr Astrid Vabret : "Ce coronavirus va probablement présenter des mutations et se diversifier. Plus il se multiplie, plus il y a de cas et plus le risque de mutation grandit. On a déjà observé des différences du virus dans les différents « groupes » de transmission. Il faut maintenant analyser ces différences pour savoir si elles ont un impact sur la gravité clinique du virus, en regardant la séquence génétique du virus et l’évolution de l’état de santé des patients contaminés.
Il existe aussi un risque de recombinaison du virus (la formation d’une nouvelle variété de virus issue du mélange génétique de deux virus proches, ndlr). C’est une étape « normale » de la vie des virus."
- Actuellement, les scientifiques disposent-ils de suffisamment d’informations pour comprendre ce virus et le combattre ?
Pr Astrid Vabret : "A priori, oui, mais il est encore difficile de savoir quelle information pourrait nous manquer ! Aujourd’hui, les informations arrivent progressivement et les séquences génétiques du virus sont toutes déposées sur une base de données. Nous disposons donc déjà de beaucoup de données sur ce coronavirus et sur son évolution pour le comprendre."