Coronavirus dans le Grand-Est : « On est débordés sur nos moyens »
Le Grand-Est est la deuxième région la plus touchée après l'Ile-de-France. Jeudi 19 mars, on comptait dans cette région 1.169 malades hospitalisés, dont 300 en réanimation.
A Mulhouse comme à Colmar, le nombre de malades graves du coronavirus explose. Aucune place en réanimation n’est disponible pour les accueillir. La seule solution possible reste le transfère de ces patients vers d’autres hôpitaux. « Si la courbe d’augmentation se poursuit dans les heures qui viennent, nous n’arriverons plus à faire face non plus aux urgences, ce qui signifie que je ne serai plus en capacité de les intuber et de les ventiler faute de matériel et de bras. Donc, il faut qu’on trouve des solutions temporaires en attendant de pouvoir évacuer ces patients-là », s’affole le Dr Marc Noizet, chef de service des urgences de Mulhouse.
"On a doublé les lits en réanimation mais ça ne suffit pas !"
Pourtant, certains hôpitaux ont totalement revu leur organisation pour accueillir ces patients. C’est ce qu’a fait le Dr Eric Thibaud, chef de service des urgences de Colmar : « On a quand même doublé les lits de réanimation, c’est monumental ! C’est vraiment titanesque à faire mais ça ne suffit pas, parce qu’il y a trop de cas, et les cas graves sont fréquents. On est débordés sur nos moyens » Problème : si les transferts s’arrêtent, les soignants ne pourront plus accueillir tous les patients en réanimation, « Nous serons à un moment ou un autre dans l’obligation de revoir nos indications sur les patients en réanimation et donc de faire des choix entre ceux qui pourront bénéficier de cette structure de réanimation et ceux qui ne pourront pas y accéder », confirme-t-il.
Des soigants qui risquent d'être contaminés faute de masques
Des soignants qui travaillent dans l’urgence et qui sont eux-mêmes exposés au virus. A Sarreguemines par exemple, la chef des urgences est actuellement contaminée et confinée. Faute de masques et de blouses de protection, de plus en plus de soignants tombent malades à leur tour, « Vous imaginez dans quel contexte de fragilité du système de santé cette pandémie intervient ? On se retrouve avec des soignants qui vont au travail, leurs convictions chevillées au corps, et à qui on dit chaque jour que les masques vont arriver. Mais les masques n’arrivent pas et il va y avoir des contaminations qui vont mettre sur la touche une partie des équipes, d’ici 15 jours. Je trouve ça dramatique cette carence de quelques jours parce que là, on prépare la désorganisation de notre système de santé qui interviendra d’ici une dizaine de jours, quand on en aura le plus besoin » déclare Dr Emmanuelle Seris, la chef de service des urgences de Sarreguemines et déléguée syndicale Grand-Est AMUF.
Le pic épidémique est attendu dans les jours qui viennent dans le Grand Est. Un avant-goût de ce qui risque d’arriver dans toute la France, dans les prochaines semaines.