Coronavirus : la baisse des consultations inquiète les soignants
L’activité des médecins généralistes a chuté de 44% et celle des spécialistes de 71% entre janvier et avril 2020, selon Doctolib. Une baisse des consultations qui représente un risque pour la santé des Français.
Crainte d’une contamination, peur de déranger un soignant déjà bien occupé par le coronavirus… Les comportements de consultation ont changé depuis le début de l’épidémie. Interrogés le 14 et le 15 avril, plus d’un tiers des patients utilisateurs de la plateforme de rendez-vous en ligne Doctolib (35%)* déclarent ainsi avoir renoncé au moins une fois à consulter depuis le début de l’épidémie. Parmi les raisons invoquées, 38% citent la peur d’être contaminés, 28% la crainte de déranger leur médecin et 17% la fermeture du cabinet.
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95% de consultations en moins chez les dentistes
Conséquence, "l’activité des médecins généralistes a chuté de 44% et celle des médecins spécialistes de 71% entre janvier et avril 2020" constate ainsi la plateforme.
Les autres professionnels de santé subissent un déficit de fréquentation encore plus lourd : moins 95% chez les chirurgiens-dentistes, moins 96% chez les masseurs-kinésithérapeutes et moins 96% chez les podologues, recense la plateforme. En cause, pour ces professions : une "fermeture totale des cabinets", explique Stanislas Niox-Chateau, cofondateur et président de Doctolib dans un communiqué du 16 avril.
"Bombe à retardement"
Problème : en renonçant au soin par peur ou par indisponibilité des professionnels, les Français mettent leur santé en danger. "Mettre en pause les soins de santé primaires, c’est enclencher une bombe à retardement !" s’alarmait déjà le Collège de médecine générale le 25 mars dans un communiqué.
Ce Collège alertait alors sur le risque sanitaire de "délaisser les soins de santé primaires, qui regroupent les soins de base et les soins chroniques", précisant qu’il était "connu et reconnu que ces soins sont ceux qui ont le plus d’impact sur la mortalité".
"Ne laissez pas les choses dégénérer"
Sur le terrain, la crainte se confirme : "Je vois tous les jours des patients qui me disent: « On fera ça après ». Je leur dis: « Non, faites-le maintenant, occupez-vous de vous, ne laissez pas les choses dégénérer »", expliquait le 8 avril à l’AFP le docteur Jean-Baptiste Blanc, médecin généraliste à Paris, à l’origine d’un appel signé début avril par 300 soignants.
"Nous sommes toutes et tous effrayés à l'idée de l'état dans lequel nous allons retrouver nos patients dans deux, trois mois ou plus" détaillent les signataires de l’appel. "Les conséquences sanitaires pourraient être lourdes", résume le docteur Blanc.
Une crainte également partagée par les pédiatres, qui redoutent que le confinement entraîne un report de la vaccination des moins de deux ans contre des maladies potentiellement graves, comme la rougeole ou la méningite.
Miser sur les téléconsultations
Lorsque cela est possible, de plus en plus de médecins proposent donc des consultations par vidéo ou par téléphone pour éviter les déplacements. Le gouvernement a d’ailleurs assoupli et simplifié les modalités de ces téléconsultations, déjà remboursées depuis septembre 2018. Principaux concernés par cet assouplissement : les personnes présentant des symptômes évoquant un coronavirus, mais aussi les patients souffrant d’une affection de longue durée (ALD) et ceux âgés de plus de 70 ans.
Autre exception face à l’urgence : la possibilité depuis le 14 avril pour les médecins et sages-femmes de prescrire et de suivre des IVG médicamenteuses en téléconsultation, dont le délai légal est d’ailleurs passé de sept à neuf semaines le temps du confinement.
Des solutions à distance d’ores et déjà plébiscitées par les patients, puisque selon la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), entre le 23 et le 29 mars près d'un demi-million de téléconsultations ont été facturées. Soit plus d'une consultation sur dix réalisées dans l'Hexagone, contre moins de 1% avant l'épidémie de Covid-19.
Mais toutes les consultations ne peuvent pas se faire par vidéo ou par téléphone. De nombreux soignants ont donc réorganisé leur agenda pour que les patients n’attendent pas en salle d’attente et ont réservé leurs cabinets aux urgences. C’est le cas des rendez-vous chez les dentistes, dont la plupart des cabinets sont fermés. Seuls les soins d’urgence, comme un traumatisme, une rage de dent ou un abcès sont assurés.
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* Sondage réalisé entre le 14 et le 15 avril 2020 auprès de 4.161 patients utilisateurs de Doctolib.