Covid-19 : comment les vers marins pourraient sauver des vies
Dans les formes graves de la maladie, les patients souffrent d'un syndrome de détresse respiratoire. Ils nécessitent oxygénation, intubation et ventilation. Mais un autre espoir est mis sur la table : l’hémoglobine de ver marin. Un essai clinique a été suspendu.
L’arénicole est un ver marin capable de rester 6h sans respirer et sans manquer d’oxygène. Comme chez l’homme, c'est l'hémoglobine qui transporte l’oxygène aux organes. Mais chez ce vers marin, cette molécule est 40 fois plus oxygénante qu’une hémoglobine humaine et pourrait aider les patients atteints d'une forme grave du coronavirus : le poumon est tellement inflammé que l’hémoglobine n’arrive plus à capter l'oxygène pour le distribuer aux organes.
La seule solution qui existe à l’heure actuelle est d’extraire le sang de ces patients, l’oxygéner dans une machine et le réinjecter. Mais ce dispositif est très rare et pourrait manquer. L’hémoglobine de ver marin serait alors une alternative pour le Professeur Bernard Cholley, chef du service de réanimation-anesthésie à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou, à Paris, « si ça se passe bien sur un premier petit collectif de patients (…) on essayera d’augmenter les doses sur un collectif ultérieur, mais pour le moment la première étape, c’est de vérifier la sécurité de ce produit. » Un essai clinique sur 10 patients covid est envisagé.
Un espoir non sans risques
Il s'agit de la première injection chez l’homme : son effet sera scruté de près par les équipes, mais aussi par un Comité de surveillance indépendant dont fait partie le Professeur Sigismond Lasocki, chef du service de réanimation-anesthésie au CHU d’Angers. « Comme pour tous les médicaments, il y a des risques d’allergies, d’intolérance immédiate, et donc ça c’est quelque chose qu’on va regarder bien entendu. Ensuite, on a déjà utilisé de l’hémoglobine de synthèse et elle a donné des insuffisances rénales donc on pourrait craindre ce type de lésion », confirme ce spécialiste. Cette hypothèse est encore au stade de la recherche et l’équipe appelle à la prudence : on ne sait pas à l’heure actuelle, si les effets attendus seront observés.