Covid-19 : dernière phase d’essai pour le vaccin Moderna
Le vaccin contre le coronavirus développé par la biotech Moderna entrera dans la phase finale de son essai clinique fin juillet. Cette phase de deux ans permet de tester l’efficacité du vaccin en conditions réelles.
Nouvelle étape décisive dans le développement d’un vaccin contre le coronavirus. La biotech américaine Moderna a annoncé le 14 juillet qu'elle entrerait le 27 juillet dans la phase finale de ses essais cliniques pour un vaccin contre le Covid-19.
Déterminante, cette phase 3 de l'essai, permet de tester l'efficacité du vaccin dans des conditions réelles et fera pour cela appel à 30.000 personnes aux États-Unis. La moitié d'entre elles recevront une dose de 100 microgrammes, les autres un placebo.
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Jusqu’à un milliard de doses par an
Les chercheurs les suivront ensuite pendant deux ans pour déterminer si elles sont protégées contre une infection par le SARS-CoV-2. Ou, si elles sont malgré tout infectées, si le vaccin peut prévenir la progression vers des symptômes. Même si des symptômes sont constatés, le vaccin peut être considéré comme un succès s'il empêche les formes graves de Covid-19.
L'étude devrait durer jusqu'au 27 octobre 2022, mais des résultats préliminaires devraient être communiqués bien avant cette date. Et si la formule retenue pour les essais se révélait efficace, Moderna a prévu de pouvoir produire 500 millions de doses par an, et "possiblement jusqu'à un milliard".
Une première phase "encourageante"
L'annonce a été faite peu après la publication dans le New England Journal of Medicine (NEJM) des résultats de la première phase de l'essai de Moderna. D'après cette étude, le vaccin expérimental a bien déclenché des anticorps contre le coronavirus chez tous les 45 participants. Ces niveaux d’anticorps étaient proportionnels à la dose administrée (25, 100 ou 250 microgrammes).
Plus de la moitié des participants ont expérimenté des effets secondaires légers ou modérés - fatigue, frissons, maux de tête et douleur dans la zone d’injection - ce qui est considéré comme normal.
Le docteur Amesh Adalja, spécialiste des maladies infectieuses à l'université Johns Hopkins, a jugé encourageant le fait que les participants aient développé des niveaux élevés d'anticorps.
Un risque d’effet contraire ?
Mais "il faut vraiment limiter les extrapolations à partir d'un essai clinique de phase 1, parce qu'on veut voir comment cela fonctionne quand une personne est exposée au vrai virus", a-t-il ajouté.
D’autant que la technologie utilisée pour ce vaccin n'a jamais prouvé son efficacité contre d'autres virus. De précédents travaux utilisant cette technologie ont même eu un effet contraire à celui désiré, en rendant les receveurs davantage susceptibles d'être infectés, a rappelé David Lo, professeur à l'Université de California Riverside. "L'une des choses que nous devons surveiller, c'est s'il y a un effet sur le long terme où la réponse immunitaire (...) développe potentiellement une tolérance immunologique qui serait en fait nocive pour la protection", a-t-il dit.
Pas de vaccin 100% efficace dans l’immédiat
Moderna n'est pas seule en piste dans la lutte engagée contre le virus. La compagnie chinoise SinoVac est aussi à un stade avancé des recherches, et l'agence russe TASS a annoncé que des chercheurs russes avaient achevé les essais cliniques pour un vaccin, mais ces derniers n'ont pas rendu les données publiques.
Des scientifiques avertissent toutefois que les premiers vaccins à arriver sur le marché ne seront pas nécessairement les plus efficaces ou les plus sûrs. Ainsi, la probabilité d'avoir en 2021 un vaccin "efficace" à 100% contre le coronavirus est peu élevée, a estimé le 12 juillet sur BFMTV l'épidémiologiste Arnaud Fontanet. "Un vaccin, c'est plusieurs années de développement" a-t-il rappelé. En conséquence, "il faut qu'on apprenne à vivre avec ce virus, on ne peut pas se permettre un reconfinement ... donc prenons les choses au sérieux", a-t-il aussi souligné.