Coronavirus : à quand un traitement efficace et un vaccin ?
Plusieurs médicaments déjà existants constituent des traitements prometteurs contre le nouveau coronavirus. Mais il faudra attendre au moins jusqu’à l’automne 2020 pour qu’un vaccin ne voit le jour.
Comment soigner le nouveau coronavirus ? Alors que la France compte autour de 1.200 cas et 21 décès, la question des traitements de la maladie Covid-19 est au cœur des préoccupations.
Actuellement, il n’existe "pas de traitement spécifique vis-à-vis de ce type d’infection à coronavirus' rappelle l’Institut Pasteur. Le traitement dit "symptomatique" consiste donc à limiter les symptômes qui regroupent des troubles respiratoires, de la fièvre, une toux, un essoufflement et des difficultés respiratoires.
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Des antiviraux "prometteurs"
Dans les cas les plus sévères, ces symptômes peuvent évoluer en pneumonie, en syndrome respiratoire aigu sévère ou en insuffisance rénale et conduire au décès. Pour les patients les plus à risque, les médecins choisissent d’administrer des antiviraux à titre expérimental, dont l’efficacité est pour le moment en cours d’évaluation.
C’est notamment le cas du remdesivir, un antiviral du laboratoire américain Gilead déjà connu pour être efficace sur plusieurs virus dont le virus Ebola. Le remdesivir fait l’objet d’un essai thérapeutique en France et en Europe et a déjà été utilisé pour soigner deux patients, un aux Etats-Unis et un en France, à Bordeaux. Pour ce dernier, l’équipe médicale avait alors qualifié le traitement, administré par voie intraveineuse, de "prometteur" car il "agit directement sur le virus pour empêcher sa multiplication".
Le Kaletra, antiviral utilisé contre le VIH, est également porteur d’espoir.
Une trentaine de candidats sérieux
D’autres traitements connus pour leurs propriétés antivirales sont actuellement testés. En Europe, des chercheurs de l’université norvégienne des sciences et des technologies ont recensé dans un article à paraître dans l'International Journal of Infectious Diseases les molécules qui constituent des candidats sérieux pour lutter contre le coronavirus.
L’intérêt de travailler sur des molécules déjà existantes est de gagner du temps : pas besoin de les fabriquer, ni de tester leur innocuité sur les patients, car leurs risques et leurs éventuels effets secondaires sont déjà connus.
Parmi les candidats les plus sérieux, les chercheurs norvégiens retiennent 31 molécules, dont le remdesivir, la niclosamide, la ribavirine, le lopinavir ou encore l’anti-paludéen chloroquine. Ce dernier médicament a montré des signes d'efficacité contre le nouveau coronavirus, selon une étude préliminaire menée en Chine. Mais plusieurs experts appellent à la prudence en l'absence d'études plus poussées, en raison du risque de développement de résistance à la chloroquine et en raison de ses effets indésirables potentiellement graves : troubles digestifs, affections du système immunitaire mais aussi troubles hépatiques et hématologiques.
Pas de vaccin avant l’automne
Mais puisqu’il vaut mieux prévenir que guérir, qu’en est-il d’un vaccin contre le Covid-19 ? "Il n'y aura pas de données sur un vaccin avant de très nombreux mois. Nous n'aurons pas de vaccin tout de suite sur le coronavirus", annonçait d’emblée le professeur Jean-François Delfraissy, spécialiste des maladies infectieuses, à l'issue d'une réunion avec le président Macron à l'Elysée le 5 mars 2020.
Selon le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, plus de 20 vaccins seraient en cours de développement dans le monde. En France, l’Institut Pasteur travaille sur la mise en place d’un vaccin qui s’appuie pour commencer sur le vaccin de la rougeole, considéré comme particulièrement sûr et efficace.
Les chercheurs vont donc assembler le génome du vaccin de la rougeole avec une partie de celui du coronavirus, pour obtenir un dérivé de vaccin que tous les pays du monde savent produire. Un premier vaccin pourrait être disponible, au mieux, à l’automne 2020.
Du temps de recherche perdu depuis 2002
Des mois de latence que les chercheurs dénoncent aujourd’hui car, malgré deux précédentes crises liées à de nouveaux coronavirus (SRAS en 2002-2003 et MERS-CoV en 2012), le monde n'a pas investi pour vraiment les combattre. "Trop souvent, l'attention accrue envers la recherche et l'investissement générés par une nouvelle épidémie décline rapidement une fois que l'épidémie se calme", a expliqué à l'AFP Jason Schwartz, de l'Ecole de santé publique de l'université de Yale. Pour ce spécialiste, si la recherche sur les coronavirus avait continué de façon assidue depuis 2002, on aurait peut-être aujourd'hui un médicament capable de s'attaquer à la maladie Covid19.
Aujourd’hui, le président Macron promet de débloquer huit millions d’euros pour la recherche médicale sur le coronavirus. Mais pour le professeur Massimo Galli, directeur du Département des maladies infectieuses de l’hôpital Sacco de Milan (Italie) interrogé par l'AFP, l'épidémie de coronavirus sera endiguée grâce aux mesures de quarantaine dans les zones les plus touchées, pas grâce à un vaccin qui "n’arrivera jamais assez tôt pour l’arrêter".