Covid-19 : la situation sanitaire hors de contrôle à Mayotte
Ce département d’Outre-mer est submergé par l’épidémie de Covid-19 et ses variants britannique et sud-africain. Le Dr Nora Oulehri, médecin urgentiste au centre hospitalier de Mayotte, a répondu à nos questions.
Depuis vendredi 5 février, l’île de Mayotte est reconfinée pour au moins trois semaines. Tous les indicateurs sont au rouge. Le taux d’incidence a bondi avec près de 800 cas pour 100 000 habitants et le taux de positivité frôle les 25%. Les hospitalisations sont, elles aussi, en hausse. Et les jeunes sont de plus en plus touchés par l’épidémie.
Une trentaine de soignants militaires et du matériel de réanimation du ministère des Armées viennent d’arriver sur place pour soutenir les équipes mobilisées depuis plusieurs semaines. Le Dr Nora Oulehri, médecin urgentiste et directrice médicale de crise au centre hospitalier de Mayotte, répond à nos questions.
- Quelle est la situation à l'hôpital de Mayotte ?
"La situation est préoccupante pour cette crise avec une augmentation exponentielle du nombre de cas de Covid. Nous avons un service de réanimation qui initialement peut accueillir 16 malades, qu’on a augmenté à 22 malades et qu’on va sûrement être obligé d’augmenter encore plus."
- Quel est le profil des malades ?
Moi qui viens du Grand Est et qui ai vécu la vague du Grand Est, ce n’était pas aussi rapide. Les patients n’étaient pas dégradés aussi rapidement. Je ne sais pas si c’est dû au variant sud africain.
Les patients sont plus jeunes, plus graves, ils nécessitent plus de moyens, de soins critiques et la contagiosité est beaucoup plus importante que ce qu’on a connu lors de la première vague. La moyenne d’âge de ceux qui sont hospitalisés en réanimation à Mayotte est d’une quarantaine d’années.
- Comment faites-vous pour accueillir les malades ?
On a fait appel à l’aide du centre hospitalier de La Réunion avec lequel nous avons mis en place une stratégie d’évacuations sanitaires vers leurs CHU avec un flux constant de cinq patients de médecine et deux patients de réanimation Covid+ qui sont transportés tous les jours. Ça nous fait une bouffé d’oxygène pour pouvoir hospitaliser les flux qui continuent à augmenter.