Covid : des chirurgies urgentes bientôt déprogrammées ?
A l'hôpital, les chirurgiens craignent d'être obligés de déprogrammer des interventions chirurgicales qui nécessitent une hospitalisation en réanimation. A la clé : une perte de chances pour leurs patients.
« Le mois prochain, j’ai quatre petits enfants qui arrivent en fin de chimiothérapie et il faut que je fasse leur traitement chirurgical la semaine qui suit pour leur donner le maximum de chance », alerte le Pr Jean-Luc Jouve, chef de service d’orthopédie pédiatrique à Hôpital de la Timone à Marseille.
« Si je ne peux pas le faire(…) il y a une véritable perte de chances vitales, une perte de chance dans la qualité et dans le pronostic. »
Déjà 10% des interventions reportées à Marseille
Si le Pr Jouve s’inquiète, c’est que la pénurie d’anesthésiste-réanimateurs et de respirateurs menace déjà l’activité des blocs opératoires dans les hôpitaux marseillais. 10% des interventions y seraient déjà déprogrammées.
C’est aussi le cas en Ile-de-France. L’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris souhaite ne pas reporter plus de 20% des chirurgies prévues dans les jours qui viennent. Chaque service doit donc passer en revue tous les dossiers en cours.
"La cancérologie est bien sûr prioritaire"
« La cancérologie est bien sûr prioritaire pour éviter les retards de prise en charge et l’aggravation des maladies », explique le Pr François Desgrandchamps, chef du service urologie à l’Hôpital St-Louis à Paris.
« Mais on sait qui individuellement ne sera pas pénalisé par un retard de quelques semaines » en fonction de l’évolutivité des tumeurs.
Pour l’instant, il s’agit donc de reporter les opérations les moins urgentes. En espérant un délai d’attente le plus court possible. Car dans certaines spécialités, le retard pris pendant le confinement n’est toujours pas rattrapé.