Covid : l'espoir d'un médicament contre les formes graves
Les médecins comptaients sur lui pour lutter contre l'hyper-inflammation des poumons, aggravant l'état des patients atteints de la Covid-19. Quelle est l'efficacité réelle du Tocilizumab ?
Trois études, dont une française, viennent d'être publiées dans la revue médicale Jama Internal Medicine.
Selon l’étude française, le Tocilizumab, un anticorps monoclonal, permettrait d’agir sur ce qu’on appelle l’orage de cytokines. Il s’agit d’une réponse immunitaire inadaptée de l’organisme. Au lieu de s’en prendre seulement au virus, les défenses du patient se retournent contre lui et s’attaquent par exemple à ses poumons. Cette réaction excessive du corps a été constatée chez de nombreux patients Covid.
« En bloquant cette inflammation, on va empêcher la destruction du poumon et donc on va améliorer la respiration. Deuxièmement cet hyperemballement empêche une bonne réponse immunitaire spécifique contre le virus, on fait n’importe quoi, on s’active dans tous les sens au lieu de se focaliser sur le virus et si on bloque tout ça on va redéterminer le système immunitaire vers la destruction du virus et non pas vers l’organisme », explique le Pr Olivier Hermine, chef du service hématologie à l’hôpital Necker-enfants malades, à Paris.
Lors de l’essai clinique français, les médecins ont comparé deux groupes de malades : 67 patients ont reçu le traitement usuel contre la Covid-19, 63 patients ont reçu du Tocilizumab, en plus du traitement usuel. Selon cette étude, le médicament apporterait de bons résultats.
Diminuer de 50% le risque d’intubation
« L’effet majeur qu’on a obtenu c’est de pouvoir diminuer de 50% le risque d’être intubé et donc de passer en réanimation, d’être endormi curarisé. Et on sait que ça non seulement ça augmente les risques de mortalité et aussi ça augmente les séquelles », explique le Pr Olivier Hermine, qui a coordonné l’étude française.
Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives de cette étude. Mais en plein rebond épidémique, les attentes sont très fortes.
« C’est important parce qu’aujourd’hui la deuxième vague arrive, il y a une pression très forte sur les réanimations qui risquent d’être vite embouteillées par les patients Covid, ce qui va empêcher de traiter les autres patients qui n’ont pas forcément le Covid. Donc là si on diminue par deux le risque de passer en réanimation, c’est un effet très bénéfique non seulement pour les patients Covid mais aussi pour le reste de la communauté médicale », selon le Pr Olivier Hermine, chef du service hématologie à l’hôpital Necker-enfants malades, à Paris.
Mais il faudra attendre les résultats de plusieurs études internationales avant de pouvoir valider l’efficacité du Tocilizumab contre la Covid-19.