Covid : non, les mutations du virus ne compromettront pas l’efficacité du vaccin
Une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux affirme que les mutations du coronavirus empêcheront le vaccin de fonctionner. Une affirmation fausse, qui ne s’appuie sur aucune donnée scientifique solide. Décryptage.
"Le virus a déjà muté quatre fois depuis mars, le vaccin ne peut pas fonctionner." C’est ce qu’affirme le médecin controversé Louis Fouché dans une vidéo partagée plus d’une dizaine de milliers de fois sur les réseaux sociaux. Mais pourquoi cette allégation est-elle fausse ?
Les mutations, un processus normal
Premier point à comprendre : la mutation du virus est un processus normal, qui fait partie du mode de fonctionnement habituel des virus. En soi, une mutation n’est ni un bon, ni un mauvais signe.
Il peut s’agir de mutations à fort impact, qui vont par exemple augmenter ou diminuer la contagiosité, la virulence ou la létalité du virus. Si la mutation aide le nouveau variant du virus à se propager, elle est favorable au virus. Si au contraire elle le freine, elle lui est défavorable.
Pas d’effet sur le coronavirus
Dans le cas du SARS-CoV-2, pour le moment, les mutations ne semblent pas avoir de conséquences notables sur les caractéristiques du virus et ne lui sont ni favorables, ni défavorables.
"Pour l'instant, tous les virologues nous disent que les mutations sont trop faibles pour que l'une d'entre elles soit considérée comme ayant un vrai effet sur le virus", résumait le 30 septembre à l’AFP Yves Van Laethem, spécialiste des maladies infectieuses et porte-parole interfédéral de la lutte contre la covid-19 en Belgique.
Le 12 octobre, le "Canal Détox" de l’Inserm assurait aussi que des mutations avaient été observées, "sans que des conséquences sur l’épidémie aient été mises en évidence".
Le SARS-CoV-2 plus stable que la grippe
Ces mutations sont normales, mais la vitesse à laquelle elles surviennent l’est-elle aussi ? Certes le SARS-CoV-2 est un virus à ARN - un autre type de matériel génétique que l’ADN - et les virus à ARN mutent plus vite que les virus à ADN.
Mais comparé aux autres virus à ARN, le SARS-CoV-2 mute moins rapidement et moins fréquemment. Il mute ainsi deux fois moins vite que le virus de la grippe et quatre fois moins vite que le VIH selon un article publié en septembre dans la revue Nature. Les coronavirus, dont le SARS-CoV-2, sont même plutôt stables.
Les mutations ne sont pas à l’origine des réinfections
Ensuite, pour le docteur Fouché, les mutations expliquent que des cas de réinfection de covid surviennent. "Même des gens qui ont eu des anticorps positifs, qui sont censés avoir développé une immunité au premier virus, ils ont fait une deuxième fois un covid, une troisième fois un covid", affirme-t-il dans sa vidéo. "Ça veut dire que le vaccin ne marchera jamais".
Il existe en effet quelques cas de réinfection enregistrés notamment aux États-Unis et à Hong Kong. Mais plusieurs facteurs peuvent expliquer ces réinfections : une baisse progressive de l’immunité, une exposition à une dose plus forte du virus ou encore un terrain favorable chez les patients concernés.
En revanche, l’idée que ces réinfections s’expliquent par une mutation du virus n’est à ce jour pas privilégiée puisque les mutations ne semblent pas se traduire par une modification significative du virus.
Les vaccins efficaces contre les variants ?
Peuvent-elles pour autant compromettre l’efficacité d’un vaccin ? "Pour le moment, il n'y a aucune indication que ces mutations puissent avoir un impact dans la capacité des vaccins à reconnaître et protéger contre ces (variants de) virus", a expliqué le 17 novembre sur France Info la virologue Marie-Paule Kieny. Car encore une fois, les mutations n’entraînent pas de modification majeure du mode d’action du virus.
Et si cela se produit, si une mutation rend le virus plus contagieux ou plus virulent ? Il sera alors dans ce cas possible d’adapter le vaccin au nouveau variant.
Enfin, la durée de protection des vaccins est bien sûr une question primordiale dans la lutte contre le coronavirus. Mais cette durée d’efficacité ne dépend que d’un facteur : la réponse immunitaire induite par le vaccin. En l’état actuel des connaissances, elle ne dépend pas des mutations du virus.