Covid : pourquoi les femmes sont moins touchées que les hommes ?
Le covid semble toucher davantage les hommes que les femmes. Une différence qui pourrait s’expliquer par le rôle protecteur des hormones féminines comme les œstrogènes et la progestérone, selon une nouvelle étude.
Depuis le début de l'épidémie de Covid, 53% des patients hospitalisés, 72% des patients en réanimation et 55% des décès en France sont des hommes. Et il ne s’agit pas d’une particularité française, puisque cette tendance s’observe dans quasiment tous les pays touchés par le covid.
Mais comment expliquer que le virus touche moins et tue moins les femmes que les hommes ? Un chercheur de l’université de l’Illinois à Chicago (États-Unis) suggère que les hormones sexuelles féminines jouent un rôle protecteur contre le covid et ses symptômes. Il détaille cette théorie dans un article publié le 8 novembre dans la revue Trends in Endocrinolohgy and Metabolism.
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Œstrogène, progestérone et alloprégnanolone
Dans cet article, le docteur Graziano Pinna s’appuie sur plusieurs travaux déjà publiés. Pour lui, ce sont les hormones stéroïdiennes sexuelles féminines, l'œstrogène, la progestérone et son dérivé l’alloprégnanolone, qui pourraient jouer un rôle de protection chez les femmes.
Comment ? En assurant une fonction anti-inflammatoire, en stimulant la production d'anticorps, en favorisant la réparation des cellules respiratoires et en inhibant les récepteurs cellulaires ACE2, portes d’entrée du coronavirus dans les cellules humaines. Autant d’effets qui pourraient donc limiter les symptômes du covid.
15 fois moins de décès pendant la grossesse
Cette théorie est renforcée par des observations réalisées chez les femmes enceintes. Lorsqu’elles sont positives au covid, ces femmes voient leurs symptômes s’aggraver juste après l’accouchement, quand la progestérone et l’alloprégnanolone chutent brutalement.
De même, selon des chiffres des Centres de contrôle et de prévention des maladies américains (CDC), 2% des femmes meurent du covid, contre 0,13% des femmes enceintes. Un facteur 15 qui pourrait s’expliquer par le rôle protecteur des hormones fortement concentrées pendant la grossesse, selon le docteur Pinna.
D’autres pistes à étudier
Qu’en est-il des femmes ménopausées, chez qui les taux d’hormones sexuelles sont beaucoup plus faibles ? D’une manière générale, "les personnes âgées sont moins protégées que les jeunes" rappelle le spécialiste. Et les femmes ne dérogent pas à cette règle. Mais dans les tranches d’âge les plus élevées, les cas graves comptent tout de même moins de femmes que d’hommes.
Outre les hormones, d’autres facteurs pourraient expliquer la moindre vulnérabilité des femmes. Et c’est pourquoi d’autres pistes sont actuellement à l’étude : la présence plus fréquente de facteurs de risque chez les hommes, le contexte social ou encore le contexte professionnel pourraient aussi jouer un rôle. Davantage d’études incluant des données plus complètes devraient à terme permettre d’y voir plus clair et de vérifier que cette différence entre hommes et femmes persiste sur des temps plus longs.
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Selon le bulletin épidémiologique du 19 novembre 2020 de Santé publique France