Vrai/Faux : la nicotine protège-t-elle contre le covid ?
La nicotine pourrait avoir un effet protecteur contre l’infection en bloquant les portes d’entrées du virus dans les cellules. Mais si un fumeur contracte la covid, il sera malgré tout plus à risque de formes graves.
La nicotine protège-t-elle contre la covid ? Cette question anime la communauté scientifique depuis le début de l’épidémie de coronavirus. L’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), qui mène une nouvelle étude sur le sujet, s'appuie sur deux éléments établis à partir de précédents travaux :
- Le taux de fumeurs actifs est "significativement plus faible dans la population covid-19 que dans la population générale"
- Et "l'utilisation de substituts nicotiniques chez les fumeurs est associée à une baisse significative du risque d'hospitalisation pour covid-19".
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Les portes d’entrée du virus bloquées
Mais que signifient ces observations ? L’hypothèse la plus probable est que la nicotine protègerait de l’infection en empêchant le virus de pénétrer et de se propager dans les cellules.
Comment ? Pour infecter les cellules qu’il vise, le SARS-CoV-2 utilise les récepteurs cellulaires ACE2 comme porte d’entrée. Or la nicotine bloquerait ces récepteurs. Donc si les récepteurs sont bloqués, il n’y a pas de porte d’entrée ni d’infection.
C’est d’ailleurs pour vérifier cette hypothèse que l’AP-HP a lancé le 20 novembre une étude sur plus de 1.600 personnels soignants recrutés dans différents établissements de santé.
L’objectif de cette étude appelée Nicovid Prev : vérifier si porter des patchs de nicotine pendant quatre à cinq mois offre un effet préventif contre la maladie. Si cette hypothèse était vérifiée, les médecins pourraient prescrire de façon préventive des patchs de nicotine aux soignants.
Des poumons en mauvais état et fragiles
Malgré cet effet protecteur, les fumeurs restent des personnes à risque de formes graves du coronavirus.
En effet, si le virus infecte l’organisme malgré l’effet protecteur de la nicotine, il arrive dans des poumons en mauvais état, qui savent mal se défendre contre les pathogènes et qui sont donc plus sensibles aux infections.
En cause : le tabac, d’une part, qui réduit les défenses immunitaires au niveau des poumons et qui permet au virus de s’y installer plus facilement.
L’inhalation répétées de fumées, d’autre part qui entraîne une inflammation chronique des poumons et le rétrécissement des voies respiratoires. Les fumeurs ont donc des poumons plus fragiles et plus vulnérables aux infections, que présenteraient aussi les adeptes des cigarettes électroniques.
Pas d’effet positif du tabagisme contre la covid
L’effet protecteur supposé de la nicotine n’est donc pas une raison pour fumer des cigarettes ou pour vapoter en espérant être protégé de la covid. Car comme le rappelle, souligne l'AP-HP : "le tabac tue beaucoup plus qu'il ne protège" et reste en 2020 "la première cause de mort évitable".
"Rien ne permet d’espérer un rapport risque/bénéfice positif du tabagisme dans la lutte contre le covid-19" conclut l'AP-HP.
Cette hypothèse n’est pas non plus une raison pour se ruer sur les substituts nicotiniques. Car même si elle n’est pas toxique, la nicotine crée une forte dépendance et son usage doit donc être strictement encadré.