Faudra-t-il prolonger le confinement au-delà du 15 décembre ?
C’était l’une des conditions fixées par Emmanuel Macron pour lever le confinement le 15 décembre prochain : passer sous la barre des 5000 nouvelles contaminations par jour. Mais, à une semaine de l’échéance, l’objectif semble difficile à tenir. Les explications d'un épidémiologiste.
L’épidémie de COVID ralentit, mais moins vite que prévu. Ces dernières 24 heures, il y a eu plus de 11 000 nouveaux cas. Depuis quelques jours, la France semble atteindre un plateau. Le nombre de patients admis en réanimation baisse aussi moins vite que la semaine dernière. Alors faut-il repousser la fin du confinement prévue pour le 15 décembre ? Pas forcément selon Pascal Crépey, épidémiologiste à l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP) de Rennes.
- L’objectif des 5000 contaminations par jour fixé par le gouvernement vous semble-t-il atteignable d’ici le 15 décembre ?
Pascal Crépey, épidémiologiste : "Malheureusement, la décrue a ralenti. Pendant toute la phase de confinement, on était à un nombre de reproduction autour de 0,5. Ce qui indiquait que nous étions sur une pente descendante assez forte. Et puis, depuis quelques jours, cette pente s’est adoucie malheureusement. Nous sommes plus autour de 0,7. Ce qui laisse entendre qu’avec plus de 10 000 nouvelles contaminations aujourd’hui, nous ne serons pas la semaine prochaine autour des 5000. Nous serons plus autour des 8000. Et surtout l’inquiétude, c’est que si ce nombre de reproduction augmente, et surtout s’il passe au-dessus de 1, cela signale un rebond de l’épidémie. Les nouveaux cas se traduisent en effet quelques jours, quelques semaines plus tard, en hospitalisations et en décès. Cela nous mettrait en mauvaise position pour aborder les fêtes de fin d’année. "
- Faut-il donc poursuivre le confinement ?
P. Crépey : "Le confinement, c’est un outil parmi d’autres. Nous avons d’autres moyens de lutter contre cette épidémie. Et certains de ces moyens sont encore malheureusement trop peu utilisés. Je pense à l’application TousAntiCovid qui n’est téléchargée qu’à hauteur de 10 millions, alors qu’il y a 50 millions de Français qui ont un téléphone portable. Mais, il y a aussi beaucoup de tests antigéniques qui peuvent se faire en pharmacie. Il est important que chaque personne, qui sent qu’elle a potentiellement des symptômes ou qu’elle s’est mise dans une situation potentiellement à risque, aille se faire tester. En général, on dit qu’il faut attendre 7 jours après le contact potentiellement infectieux. Se faire tester fait partie des stratégies qu’on peut avoir collectivement et qui ont un impact sur le contrôle de l’épidémie."
- Certains Français prévoient de se faire tester avant de retrouver leurs proches pour les fêtes. Est-ce une bonne idée ?
P. Crépey : "C’est intéressant à condition que cela ne soit pas un permis pour faire tout et n’importe quoi. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le test que l’on pratique nous dit juste si on a du virus dans notre nez, dans notre gorge... au moment où on est testé. Or, si la contamination a eu lieu très peu de temps avant le test, on peut ne pas avoir de virus et donc un test négatif. De la même façon, ce n’est pas parce qu’on a un test négatif au jour J, qu’au jour J+1 on ne va pas être contaminé, devenir porteur et donc contaminer d’autres personnes. Faire des tests de manière préventive, pourquoi pas. Mais, à condition de bien respecter les gestes barrières et de prendre toutes les précautions nécessaires, notamment vis-à-vis des personnes à risque de faire des formes graves."