Handicap : quand confinement rime avec perte d'autonomie
Handicapée à 80%, Renée Tibonnier ne peut plus compter sur l'aide de son auxilaire de vie, ni sur celle de son kiné depuis le début du confinement. Ce qui n'est pas sans conséquence sur son quotidien. Elle témoigne.
A 68 ans, Renée Tibonnier fait partie de la population à risque pour le coronavirus. Greffée de la moelle osseuse il y a 10 ans, elle est aujourd'hui sous immunosuppresseurs, et rencontre des difficultés respiratoires. Reconnue handicapée à 80%, elle vit seule à Paris. " J'ai du mal à marcher. J'ai un périmètre de marche qui est très petit : 50 mètres, c'est un grand maximum, explique-t-elle. J'ai du mal à lever les bras et à soulever un poids. J'ai aussi des problèmes d'équilibre."
Depuis le début du confinement, la majorité des personnes qui intervenaient à son domicile pour l'aider ou la soigner ne peuvent plus venir. " Avant le confinement, j'avais un auxiliaire de vie qui venait trois fois par semaine. Une infimière, une fois par jour. Et un kiné, deux fois par semaine, indique-t-elle. Aujourd'hui, seules les infirmières se déplacent."
Une régression physique déjà tangible
Ce sont les conséquences à long terme de cette situation sur sa santé qui l'inquiètent le plus." L'impact de l'absence de mon kiné, pour moi, c'est une perte d'autonomie énorme. J'ai besoin de lui pour maintenir la mobilité de mes mains. Dès qu'on arrête, on régresse, malheureusement. Très vite, beaucoup plus vite qu'on ne récupère, se désole Renée. Avant le confinement, je me déplaçais dans l'appartement sans déambulateur. Ce n'est plus possible. Et dès que j'essaie de faire quelque chose, j'ai tout de suite mal au dos."
Mais Renée ne se laisse pas abattre et a développé des astuces pour rester la plus autonome possible. "J'ai une table basse qui est un radeau de survie, lance-t-elle avec humour. J'y ai tout ce dont je peux avoir besoin, sans bouger. J'ai aussi un gratte-dos qui me permet de récupérer ce qui roule ou ce qui tombe, sans avoir à trop me baisser."