Les lingettes, fléau des réseaux d’assainissement
Avec la crise du Covid-19, nous utilisons de plus en plus de lingettes pour faire le ménage. C’est pourtant une catastrophe pour l’environnement, surtout quand on les jette dans les toilettes.
Depuis le début de la crise sanitaire, les lingettes sont devenues le fléau du réseau des eaux usées. En s’accumulant dans les canalisations, elles forment des bouchons qui mettent en péril tout le réseau. Il faut donc régulièrement les aspirer. Et malgré toutes ces interventions sur le réseau en amont, les lingettes arrivent jusque dans les stations d’épuration.
A Baulne, dans l’Essonne, les eaux usées de 15 000 habitants sont traitées avant d’être relâchées dans les rivières. Et ici aussi, les lingettes perturbent le traitement des eaux. Selon Franck Chevalier, agent d’exploitation et d’assainissement, “toutes les eaux usées arrivent sur ce dégrilleur qui sépare matière liquides et solides traités par la station d’épuration. D’habitude, on n’en a pas beaucoup mais depuis le confinement, c’est devenu fou. Ça représente 600 kilos de lingettes par semaine, compactées”.
Des eaux usées qui se déversent dans la nature
Régulièrement, ce nouvel afflux de lingettes crée des incidents. En plein confinement, à la fin du mois de mars, à cause de ces dysfonctionnements, la station a débordé. Les eaux usées avec les lingettes ont submergé les installations, et se sont déversées dans la nature. Un accident habituellement assez rare.
“Quand la station déborde, ça rejoint à moment donné le milieu naturel donc la rivière, explique Claire Saint-Laurent, directrice de l’assainissement du SIARCE. Donc on pollue en plus le milieu naturel avec ces lingettes qui partent à la rivière avec le reste des eaux usées, parce qu’on ne sait plus traiter l’équipement étant bouché, on envoie tout dans le milieu naturel. On ne sait plus quoi faire face à ces lingettes déversées en quantité importante”.
Les lingettes disparaissent au bout de 400 ans
Cette pollution met en danger la faune et la flore locales. Pour certains spécialistes, les arguments marketing des fabricants de lingettes sont problématiques. Comme la mention « biodégradable » qui crée la confusion chez le consommateur. Pour Marillys Macé, directrice générale du centre d’information de l’eau, “les lingettes ne sont pas biodégradables. On en a la preuve quand on les retrouve dans les stations de dépollution qu’elles se mélangent aux filtres… Ça montre bien que malgré tout le parcours qu’elles ont fait dans l’eau, elles ne se sont pas délitées. On dit que les lingettes, il faut 300 à 400 ans pour que ça disparaisse.”
En plus de la pollution qu’elles créent, les lingettes ont un impact sur la facture d’eau des usagers. Les différentes interventions sur le réseau d’assainissement ont un coût que les sociétés doivent amortir.