Prime exceptionnelle : les auxiliaires à domicile écartés ?
L’État s’est engagé à verser une prime exceptionnelle de 1500 euros maximum aux soignants. Mais pour les aides à domicile, le gouvernement se tourne vers les départements…Un coup dur pour ces salariés pourtant en première ligne pendant l'épidémie.
Depuis 5 ans, Sarah Derogy vient prêter main forte à Roger dont la femme de 91 ans souffre de la maladie d’Alzheimer. Au début de la crise, elle manquait cruellement de protections. Une lacune préjudiciable, aussi bien pour les personnes âgées que pour les aides à domicile. Mi-mars, Sarah a dû se mettre en arrêt maladie : comme 28 autres salariés de son association, elle a contracté le coronavirus. A cette période, le port du masque n’était pas encore obligatoire. "J’ai eu une bénéficiaire qui est décédée du Covid et moi-même je l’ai eu. Ça fait peur, on l’a toujours en tête", explique-t-elle. Malgré ce sentiment de culpabilité et cette peur de la contamination, Sarah a repris du service dès que son état de santé le lui a permis.
Une prime à la charge des départements
Impensable pour Sarah de laisser les personnes âgées seules, surtout pendant la période du confinement. "Elles ont des besoins essentiels au quotidien, on doit être là coûte que coûte. La prime est plus symbolique qu’autre chose mais cela représenterait une reconnaissance du métier ", détaille Sarah.
L’Oise a été le premier département français touché par la crise du coronavirus. Selon Christophe Houdet, directeur de l’association ADMR (Aide à domicile en milieu rural) de l’Oise au niveau départemental, les aides à domicile ont permis de désengorger les hôpitaux du territoire. "Elles ont évité des hospitalisations parce que les bénéficiaires atteints du Covid restaient à domicile. Les aides à domicile méritent la prime et une revalorisation salariale", estime-t-il. L’État l’a affirmé : les auxiliaires de vie devraient bel et bien toucher une prime exceptionnelle, mais charge aux départements de la financer. Dans l’Oise, rien n’a encore été décidé et les salariés comme Sarah doutent un jour de toucher cette prime… si attendue.