Que connaît-on précisément des séquelles neurologiques du Covid ?

Confusions, encéphalites, AVC… Le covid est à l’origine de plusieurs symptômes touchant le cerveau. Mais comment le virus infecte-t-il les neurones ? Quels sont les risques sur le long terme ? Le point avec des spécialistes.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / sfam_photo

Quel effet le covid a-t-il sur notre cerveau ? C’est la question que se posent les scientifiques depuis le début de l’épidémie face aux symptômes neurologiques que les malades déclarent.
Des pertes de conscience, confusions, encéphalites, syndrome de Guillain-Barré et même accidents vasculaires cérébraux (AVC) ont ainsi été enregistrés.

Cause infectieuse ou neurologique ?

"Tous les symptômes neurologiques ne témoignent pas d’une atteinte du système nerveux par le virus" tempèrent l’infectiologue Pierre Tattevin et la neurologue Elodie Meppiel dans un article qu’ils signent sur le site The Conversation. Pour eux, les maux de tête et les vertiges souvent décrits chez les malades font "partie intégrante du syndrome pseudogrippal associé à l’infection par le coronavirus".

De même, l’anosmie (perte de l’odorat) extrêmement fréquente serait davantage liée à une inflammation des tissus olfactifs qu’à une atteinte neurologique.

En revanche, les symptômes plus sévères comme les confusions, les AVC, les encéphalites et la survenue de syndrome de Guillain-Barré reflètent une atteinte du système nerveux par le virus.

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Le virus infecte bien les neurones

Une piste que confirme une étude internationale impliquant l’institut du cerveau (Inserm) publiée le 12 janvier dans le Journal of Experimental Medicine. Celle-ci valide l’hypothèse que le SARS-CoV-2 est attiré par les cellules du cerveau, qu’il est capable de les infecter et de s’y multiplier, comme avec n’importe quelle autre cellule cible. La voie d’entrée du virus dans les neurones serait bien, comme pour les autres cellules, le récepteur ACE2 situé à leur surface.

Mais les chercheurs ne connaissent pas encore le chemin qu’emprunte le virus pour arriver jusqu’au cerveau, sachant qu’il est protégé par une barrière hématoencéphalique. Selon une étude allemande publiée en novembre 2020 dans Nature neuroscience, la piste la plus probable est celle d’un passage du virus via la muqueuse olfactive et les bulbes olfactifs.

Expliquer les symptômes

En attendant de confirmer cette hypothèse, les résultats de l’étude de l’Inserm suggèrent que l’atteinte du cerveau est bien à l’origine des symptômes neurologiques observés chez les patients covid.

Et ce n’est pas tout : les chercheurs observent aussi un "remodelage important du réseau vasculaire cérébral dans les régions infectées du cerveau" chez des souris, détaille un communiqué de l’Inserm. Reste à comprendre comment ces modifications sont liées aux symptômes neurologiques observés.

La crainte de séquelles au long cours

Et sur le long terme, quels sont les risques ? C’est pour l’heure la plus grande inconnue, à laquelle NeuroCOVID, le registre français des manifestations associées au covid tente de répondre dans les mois qui viennent.

La crainte principale est bien sûr la survenue de "séquelles neurologiques au long cours", notent le professeur Tattevin et la docteure Meppiel. En octobre 2020, déjà, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus alertait : "Pour un nombre important de personnes, ce virus provoque une série d'effets graves, à long terme", dont des effets neurologiques.

Ici encore, les recherches en cours devraient permettre d’en savoir plus. Une petite étude1 française publiée dans le Journal of Infection le 4 décembre 2020 apporte déjà quelques éléments de réponse. Selon cette publication, 54% des anciens malades du covid présentaient des symptômes persistants. Et pour 77% d’entre eux, il s’agissait de symptômes neurologiques. Des résultats qui devront être confirmés dans de plus vastes études mais qui confirment déjà la possibilité d’un risque neurologique à long terme.

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1 L’étude ne porte que sur 70 malades guéris du covid-19, dont six avaient été hospitalisés.