Une herbe asiatique pour neutraliser Ebola ?
La tétrandrine, molécule synthétisée par une herbe asiatique, pourrait empêcher au virus Ebola de se répliquer dans l'organisme. Couramment utilisée dans les traitements hypertenseurs, cette molécule neutralise des capteurs cellulaires impliqués dans la pénétration du virus dans les cellules. L'étude, menée sur les souris, devrait prochainement être testée chez le singe.
Des chercheurs ont découvert qu'une molécule d'origine végétale, issue d'une herbe asiatique, pourrait bloquer la propagation du virus Ebola dans l'organisme. La tétrandrine a été efficace sur des souris à petites doses et a été bien tolérée, précisent l'équipe de recherche l'Institut de recherche biomédicale du Texas (TBRI). "Quand nous avons testé cette molécule sur des souris, elle a empêché la reproduction du virus et permis de sauver la plupart d'entre elles d'Ebola", explique le Dr Rovert Davey, un des auteurs de cette recherche parue le 27 février dans la revue américaine Science. La tétrandrine, normalement utilisée pour traiter l'hypertension, n'a par ailleurs provoqué aucuns effets secondaires particuliers chez les souris.
Pour arriver à ces résultats prometteurs, les chercheurs travaillent depuis dix ans sur les mécanismes cellulaires permettant à Ebola d'infecter le corps. Premièrement, ils ont déterminé que le mécanisme permettant aux cellules de transmettre des charges électriques, dans lequel des capteurs de calcium jouent un rôle-clé, était important dans l'infection par le virus. Ces capteurs de calcium, appelés TPC, ont ensuite été clairement identifiés. Ils sont particulièrement importants pour que le virus Ebola puisse pénétrer dans les cellules pour se multiplier. Or les auteurs ont trouvé que les traitements utilisés contre l'hypertension, avec de la tétrandrine, avaient la capacité de bloquer ces deux capteurs. Ils ont donc testé plusieurs molécules -- dont la tétrandrine -- pour déterminer celle qui serait la plus efficace à neutraliser ces capteurs.
Des résultats "prudemment optimistes"
La tétrandrine a montré une capacité à bloquer le virus Ebola pour l'empêcher de pénétrer dans les cellules de l'organisme, mettant fin ainsi à l'infection, résume les chercheurs. Se disant "prudemment optimiste", ils précisent que "la prochaine étape dans cette recherche sera de tester à la fois l'innocuité et l'efficacité de cette molécule contre Ebola chez des singes".
L'épidémie actuelle d'Ebola d'une ampleur sans précédent, mais qui donne des signes d'accalmie, a fait 9.177 morts sur 23.000 cas recensés depuis début 2014, pour la plupart au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé. Il n'existe pour l'heure aucun traitement commercialisé mais des traitements expérimentaux se sont avérés prometteurs, comme l'antiviral japonais favipiravir.
Source : Two-pore channels control Ebola virus host cell entry and are drug targets for disease treatment. Yasuteru Sakurai, Robert A. Davey et al. Science, février 2015. DOI: 10.1126/science.1258758
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