Nous ne sommes pas tous égaux face à Ebola
Ebola tue en moyenne 70% des personnes infectées, mais qu'en est-il des autres ? De fait, certaines personnes apparaissent résistantes au virus. Selon une équipe de recherche nord-américaine, la génétique jouerait un rôle capital dans la réaction face au virus.
Des chercheurs de Seattle ont injecté le virus responsable de l'épidémie qui sévit actuellement en Afrique de l'Ouest à des souris génétiquement modifiées (voir encadré).
Trois réactions différentes ont été observées : si la majorité des souris présentaient les symptômes de la maladie (fièvre hémorragique, hémorragie interne, décoloration du foie), 19% d'entre elles ne manifestaient aucune réaction. Les 11% restantes ne présentaient que des symptômes légers et bénins.
Disparition totale du virus dans l'organisme
Aux premières heures de l'infection, toutes les souris avaient perdues du poids (15% de leur masse). Toutefois cinq jours plus tard, seules les souris résistantes avaient repris leur poids de départ. Et mieux : leur sang ne portait plus aucune trace du virus. Ebola ne s'est donc pas répliqué dans leur organisme.
"Les différents symptômes et réactions cliniques à Ebola dans ce groupe de souris sont jusqu'à présent similaires dans leur variété et proportion à ceux observés dans cette épidémie", souligne à l'AFP Michael Katze du département de microbiologie de l'Université de Washington à Seattle (Etat de Washington, nord-ouest), un des principaux auteurs de cette recherche.
Pourquoi cette résistance ?
Cette inégalité de réponse au virus s'explique par les gènes, selon les chercheurs. En temps normal, lorsque le virus Ebola s'introduit dans l'organisme, il active des gènes responsables de l'inflammation des vaisseaux sanguins et de la destruction des cellules. Des dommages qui entraînent la mort. A l'inverse, chez les souris résistantes, des gènes "réparent" ces dommages causés par le virus et stimulent fortement la production de cellules blanches immunitaires.
Donc, d'une part, ces gènes empêchent la réplication du virus, et d'autre part ils limitent les dégâts. Une piste à mettre en valeur pour établir une cartographie des gènes impliqués dans l'évolution de la maladie, et créer de futurs traitements.
Une étude applicable à l'homme ?
Alors que cette découverte semble prometteuse, il reste à savoir si ces résultats sont extrapolables chez l'homme. En effet, par rapport à la souris, l'humain a un patrimoine génétique beaucoup plus diversifié et complexe.
Si ces résultats sont positifs, il serait possible de repérer ces marqueurs génétiques chez toutes les personnes en contact avec les malades. Des chercheurs de l'Université d'Austin (1) préconisent même de sélectionner uniquement des soignants résistants au virus, pour aider à combattre la maladie en Afrique sans les mettre en danger.
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(1) Bellan S et coll.: Ebola control: effect of asymptomatic infection and acquired immunity. Lancet 2014; 14 octobre. (doi.org/10.1016/S040-6736(14)61839-0))
Source : Host genetic diversity enables Ebola hemorrhagic fever pathogenesis and resistance. Rasmussen. A et all. Octobre 2014, Science. doi : 10.1126/science.1259595
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Des souris génétiquement modifiées pour étudier Ebola
Jusqu'alors, les souris n'étaient pas utilisées pour étudier Ebola. Les symptômes qu'elles développent suite à l'infection sont très différents de ceux des humains (pas de fièvre hémorragique notamment). A la place, des macaques, des hamsters syriens ou des porcs de guinée était utilisés comme modèles.
Trop chers pour les chercheurs... Les souris ont donc été modifiées génétiquement pour reproduire les mêmes symptômes que ceux des humains, ainsi que le même pourcentage de mortalité. Autre intérêt des souris : leur patrimoine génétique est extrêmement bien connu.