Rougeole : un enfant de 18 mois décède à Berlin
Un bébé de 18 mois est décédé de la rougeole mercredi 18 février à Berlin. Les autorités sanitaires de la capitale ont annoncé ce 23 février qu'il s'agissait du premier décès répertorié en Allemagne depuis le début de l'épidémie, en automne. L'enfant n'était pas vacciné contre cette maladie.
Le ministère régional de la Santé a annoncé la mort de ce petit garçon le jour même où une école primaire de Berlin fermait ses portes préventivement en raison de nombreux cas de rougeole. Cette maladie virale hautement contagieuse, transmissible par voie aérienne et sans contact, a frappé 570 personnes dans la ville depuis octobre, selon l'institut Robert Koch de veille sanitaire.
Selon l'Institut Robert Koch, la rougeole est arrivée à Berlin avec des demandeurs d'asile de Serbie et de Bosnie-Herzégovine, où une épidémie sévit depuis février 2014.
"L'enfant était vacciné, mais pas contre la rougeole", a précisé le responsable régional de la Santé, Mario Czaja, cité par l'agence allemande DPA.
Rendre la vaccination contre la rougeole obligatoire ?
Le ministre fédéral de la santé Hermann Gröhe a appelé ce 23 février la population à vérifier ses vaccinations. Sa porte-parole a précisé qu'il n'était pas prévu, à l'heure actuelle, de rendre cette vaccination obligatoire en Allemagne, mais elle a indiqué que l'information des parents allait être renforcée et que les certificats allaient être vérifiés. Si cela ne suffit pas, "il faudra prendre d'autres mesures", a-t-elle ajouté.
Dès dimanche, plusieurs membres de la grande coalition d'Angela Merkel, réunissant conservateurs de la CDU et sociaux-démocrates du SPD, avaient évoqué la possibilité d'une obligation de vacciner contre la rougeole.
"Nous avons désormais besoin d'une action concertée des responsables des questions de santé dans chaque parti et des représentants des médecins, pour lancer un grand mouvement de vaccination", avait déclaré Karl Lauterbach, représentant du groupe parlementaire SPD, au quotidien "Welt am Sonntag".
Maintenir une couverture vaccinale importante
Les parents de l'enfant décédé n'étaient vraisemblablement pas hostiles à l'acte vaccinal, mais n'avaient pas réalisé celui protégeant contre le virus de la rougeole.
Le ministre Hermann Gröhe a toutefois rappelé la responsabilité, dans la propagation de l'épidémie, de "certains irresponsables opposés aux vaccins qui sèment une peur irrationnelle". "Celui qui refuse de vacciner son enfant ne met pas seulement cet enfant en danger, mais d'autres également", a poursuivi le ministre.
Les opposants au vaccin, se référant à des travaux frauduleux maintes fois dénoncés par la communauté scientifique, l'accusent d'avoir des effets indésirables voire dangereux (voir encadré).
La rougeole peut notamment provoquer des affections respiratoires ou neurologiques graves, comme des encéphalites, parfois mortelles.
En France, l'Inpes rappelle que la vaccination contre la rougeole est associée à un taux de séroconversion immédiate (c'est-à-dire la possibilité de détecter la présence d'anticorps) "très élevé", variant selon les études "entre 97% et 100%". "Le pouvoir protecteur réel, tel que les enquêtes épidémiologiques peuvent le mesurer à l'occasion de phénomènes épidémiques [pour] des enfants vaccinés plusieurs années auparavant" est estimé autour de 95%.
En savoir plus sur la rougeole
Sur Allodocteurs.fr :
Ailleurs sur Internet :
- Agence Science Presse
"L'histoire trouble du vaccin de la rougeole et de l'autisme", article du 13 novembre 2013.
En 1998, un article paru dans la prestigieuse revue médicale The Lancet, signé par l'équipe du Dr Wakefield, clame l'existence d'un lien entre le vaccin RRO et risque de développer des troubles du spectre autistique. De nombreux médias se sont rapidement fait écho des accusations, sans chercher à y regarder de plus près... Or l'étude, menée sur seulement douze enfants, n'avait aucune validité statistique. "Huit sur douze étaient vaccinés", clamait Wakefield. Si huit sur douze étaient allaités au sein, aurait-il accusé l'allaitement de provoquer l'autisme(1) ?
Toutes les études réalisées depuis lors démontrent en réalité l'absence de lien entre vaccination et autisme. Les coauteurs de l'article se sont dissociés de ses conclusions, et l'article a fait l'objet d'une rétractation.
Concernant l'existence de causes environnementales à l'autisme, de très nombreux suspects (pesticides ou l'absence d'exposition à certaines hormones...) restent au coeur des débats scientifiques réels.
-----
(1) Probablement pas : Wakefield avait en réalité un conflit d'intérêt majeur sur ce dossier, puisqu'il travaillait avec un cabinet d'avocats conseillant les parents des enfants inclus dans l'étude.