VIH : moins d'infections qu'il y a 10 ans, mais...
Le nombre de nouveaux cas de séropositivité au VIH découverts en France chaque année a globalement décru entre 2004 et 2013, selon des données de surveillance publiées par l'Institut national de veille sanitaire (InVs) ce 24 mars. En revanche, les diagnostics de séropositivité chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes n'ont, eux, cessé d'augmenter sur cette même période.
L'InVS a mis en place en 2003 un dispositif de déclaration obligatoire, par les biologistes et les médecins, des découvertes de nouveaux cas de VIH sur le territoire français (DO-VIH). Les objectifs de cette DO-VIH sont essentiellement épidémiologiques : estimer le nombre de personnes découvrant leur séropositivité et de mieux connaître leurs caractéristiques sociologiques, afin d'optimiser la prévention.
En 2013, le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité VIH est estimé entre 5.759 et 6.681, selon les données de l'InVS (voir encadré). Ce chiffre est "stable depuis 2007", après une forte baisse constatée entre 2004 et 2007.
"Les disparités régionales observées depuis 2003 ont persisté en 2013" : le nombre de découvertes de séropositivité rapporté à la population (95 par million d'habitants) était plus élevé en Île-de-France (221) et dans les "départements français d'Amérique" (respectivement 908, 239, 225 en Guyane, Guadeloupe et Martinique) que sur le reste du territoire.
Evolution sociologique
En revanche, le profil des personnes diagnostiquées a fortement évolué en une décennie.
Parmi les personnes découvrant leur séropositivité, la proportion d'hommes était estimée à 57% en 2003. Après avoir augmenté continûment au cours du temps, elle était évaluée à 69% en 2012 et en 2013.
La proportion de personnes âgées de 50 ans et plus est passée de 13% en 2003 à 18% en 2012, et est en légère baisse en 2013 (17%). La part des 25-49 ans a, elle, diminué (77% en 2003, contre 70% en 2013). Les moins de 25 ans, représentaient 13% des découvertes de séropositivité en 2013, cette proportion n'ayant pas évolué de façon significative depuis 2003.
Parmi les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2013, 55% ont été contaminées par rapports hétérosexuels (à l'origine de l' infection de 97% des femmes et de 36% des hommes), 43% par rapports sexuels entre hommes (62% des hommes) et 1% par usage de drogues injectables (0,8% des femmes et 1,2% des hommes).
Augmentation des diagnostics chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes
Entre 2012 et 2013, "on observe un palier du nombre de découvertes de séropositivité, quel que soit le mode de contamination", notent les auteurs du rapport. Ils soulignent "une tendance à la diminution chez les hétérosexuels et à l'augmentation chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH)". Si les chercheurs n'analysent pas les causes de cette hausse des diagnostics chez les HSH, elle pourrait être liée à l'intensification, ces dernières années, des efforts de sensibilisation à l'égard de cette population par les associations.
En 2013, le nombre de découvertes de séropositivité chez les HSH est estimé à entre 2.416 et 2.878 par l'InVS. "Parmi eux, 14% avaient moins de 25 ans (proportion ayant augmenté depuis 2003 où elle était de 8%) et 13% avaient 50 ans et plus".
Des diagnostics de plus en plus précoces
L'évolution depuis 2003 montre une diminution progressive de la proportion des découvertes au stade sida (20% en 2003 contre 11% en 2013).
Depuis le début de l'épidémie, le nombre total de personnes ayant développé le sida est estimé à environ 89 000 en France, dont 48 000 sont décédées et 41 000 étaient vivantes fin 2013.
Source : Découvertes de séropositivité VIH et de sida, France, 2003-2013. F. Cazein et coll. Bull Epidémiol Hebd. 2015;(9-10):152-61.
Pour en savoir plus
Sur Allodocteurs.fr :
- VIH : plus de 6.000 personnes découvrent leur séropositivité chaque année, article du 1er avril 2014
- Des relations sexuelles à hauts risques, reportage du 6 septembre 2013
- Anonymat et secret médical pour les mineurs séropositifs, article du 5 février 2015
- Femmes et VIH, pourquoi sont-elles plus vulnérables ? article du 28 mars 2011
- Sida : décès et infections en baisse, article du 21 novembre 2012
- VIH/SIDA : le test rapide pourrait freiner l'épidémie ? reportage du 23 novembre 2011
Ailleurs sur Internet :
En dépit du caractère obligatoire de la DO-VIH, les données recueillies sont loin d'être exhaustives. En outre, les déclarations ne sont pas transmises en "temps réel". Les épidémiologistes estiment aujourd'hui que seules 7 découvertes de séropositivité sur 10 sont déclarées ; les estimations publiées de l'InVS sont réévaluées en conséquences.
En France, on estime entre 40.000 et 50.000 le nombre de personnes ignorant leur séropositivité au VIH.