Bacilles de la tuberculose : de plus en plus résistants aux antibiotiques
Les traitements antibiotiques contre la tuberculose font face à une émergence de souches résistantes. Une étude publiée ce mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH - InVS) indique en effet un nombre croissant de cas de tuberculose à bacilles multi-résistants en France.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé qu'en 2015, 10,4 millions de personnes avaient contracté la tuberculose dans le monde. Cette maladie pulmonaire grave est provoquée par une bactérie, le bacille de Koch, également connu sous le nom de Mycobacterium tuberculosis, qui présente une résistance aux antibiotiques de plus en plus fréquente.
Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publie, ce 21 mars 2017, un rapport consacré au phénomène de résistance aux antituberculeux en France. L'étude porte sur 1.472 cas de tuberculose répertoriés par le Centre national de référence des mycobactéries et de la résistance des mycobactéries aux antituberculeux (CNR-MyRMA) en 2015. Les résultats indiquent qu'un peu plus de 9% des patients qui déclarent la maladie pour la première fois, présentent une résistance à au moins un des trois traitements antituberculeux de première ligne (isoniazide, rifampicine ou éthambutol). Une proportion qui passe à 25% lorsqu'il s'agit de malades avec des antécédents de traitement.
"La résistance de Mycobacterium tuberculosis aux antituberculeux est un phénomène mondial, qui met en danger l’objectif de l’Organisation mondiale de la santé d’éradication de la tuberculose dans le monde en 2035", soulève le Pr Jerôme Robert, chercheur au CNR-MyRMA et auteur du rapport dans le BEH.
Augmentation des cas de multi-résistance
Certains types de tuberculose, dits à bacilles multi-résistants (TBMR), sont définis par une résistance combinée à deux antibiotiques, l’isoniazide et la rifampicine, et concernent près de 500.000 personnes dans le monde chaque année.
Entre 1992 et 2011, 30 à 80 cas de TBMR étaient déclarés en France chaque année, ce qui représentait 0,4 à 1,4 % de l'ensemble des cas de tuberculose, selon le Pr Jerôme Robert. Le nombre de TBMR a ensuite augmenté pour passer à 94 en 2012, 82 en 2013 et 110 en 2014, soit 2,6 % des cas de tuberculose recensés en 2014. Il s'agit de la "proportion la plus élevée jamais observée en France", indique le chercheur, bien que le "nombre total de cas reste toutefois faible en regard de ce qui est observé dans d’autres pays".
Vers de nouveaux traitements ?
Un nouvel antituberculeux, la bédaquiline, a récemment été testé par des équipes d’Île-de-France, en liaison avec le CNR-MyRMA, dans une cohorte de malades présentant des bacilles multi-résistants. "L’analyse de cette cohorte a montré un devenir globalement très satisfaisant si on prend en compte la gravité de cette pathologie", indique Jérôme Robert dans le rapport.