Virus Zika : comment poser le diagnostic ?
L'épidémie de virus Zika continue de progresser en Amérique latine et aux Antilles. Mais il est difficile de savoir exactement combien de patients sont touchés car le diagnostic est difficile à établir. L'explication tient au fait que 80% des patients infectés ne présentent aucun symptôme. La seule solution est de chercher la trace du virus dans le sérum, un des constituants du sang. En France, seul le laboratoire de l'hôpital d'instruction des armées Laveran, à Marseille, a les compétences pour réaliser ce diagnostic sérologique.
Chaque jour au laboratoire de l'hôpital d'instruction des armées Laveran, des dizaines de prélèvements doivent être analysés rapidement. Depuis décembre 2015, plus de 3.000 échantillons ont été reçus. Une cadence infernale car il s'agit du seul endroit en France qui réalise le diagnostic sérologique du virus Zika. Les prélèvements viennent surtout de France métropolitaine et concernent dans plus de 50% des cas des femmes enceintes qui ont voyagé en Amérique latine ou aux Antilles.
Avant de procéder à l'analyse, il faut d'abord inactiver le virus. "On inactive le virus, donc le virus n'est plus infectieux. Il est détectable, les anticorps sont détectables mais le virus n'est plus infectieux. Il n'y a donc plus aucun risque pour le manipulateur", explique le Dr Isabelle Leparc-Goffart, virologue.
Pour poser le diagnostic, il faut rechercher si le virus est présent dans l'urine ou encore dans le sperme ou le liquide amniotique. Pour ce faire, on utilise la biologie moléculaire. Il faut d'abord extraire l'ARN des prélèvements, c'est-à-dire l'acide ribonucléique, une molécule présente chez certains virus dont le virus Zika. "On utilise des petites sondes et des petits bouts d'acide nucléique qui vont se coller au génome viral spécifiquement. Et il va y avoir une amplification, c'est-à-dire qu'il va recopier le génome viral de façon exponentielle. C'est ça qui va être détecté par fluorescence", décrit le Dr Leparc-Goffart.
Dans une centrifugeuse, une trentaine d'échantillons sont analysés pour détecter si le génome du virus Zika est présent ou non. Cette méthode par biologie moléculaire est pertinente pour détecter le virus Zika dans des prélèvements précoces. Mais pour des prélèvements plus tardifs ou pour les femmes enceintes sans symptômes, un diagnostic sérologique doit être effectué parallèlement. Il repose sur une recherche d'anticorps. Pour cette technique, tous les réactifs biologiques utilisés sont fabriqués dans ce laboratoire. Un savoir-faire unique en France.
Au total il faut 24 heures pour établir le diagnostic grâce à la biologie moléculaire. Avec la sérologie, il faut 48 heures. Pour cette équipe, la charge de travail ne devrait pas diminuer. Le virus Zika se transmet par le moustique tigre, très présent dans le sud de la France pendant l'été. Toute l'année 2016 devrait donc être placée sous le signe de Zika.