Grippe aviaire H5N8 en Russie : faut-il craindre d’autres cas de contaminations ?
Après la découverte de cas de grippe aviaire H5N8 chez l’humain, l’Organisation de la santé animale recommande aux éleveurs de porter un équipement de protection. Les risques de ce virus pour la santé humaine restent mal connus.
Travailler avec des masques, des lunettes et des gants. C’est ce que recommande par précaution le 22 février l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) aux personnes en contact avec des volailles infectées par la grippe aviaire H5N8.
"Compte tenu du risque d'infection humaine, il est recommandé aux personnes travaillant avec ou en contact avec des volailles infectées (ou suspectées d'être infectées) par la grippe aviaire de porter des vêtements de protection, notamment des masques, des lunettes de protection, des gants et des bottes", a détaillé l'organisation internationale dans une déclaration.
Cette consigne fait suite aux annonces de la Russie, qui prétend avoir détecté pour la première fois une transmission de ce virus à l'être humain.
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Barrière inter-espèce franchie
Que sait-on pour l’heure de cette contamination et du risque de transmission ? Selon les autorités russes, le virus a été détecté chez sept personnes contaminées dans une usine de volailles du sud de la Russie, où une épidémie de grippe aviaire a touché les animaux en décembre 2020.
La souche en cause est la H5N8, actuellement présente dans plusieurs pays européens, dont la France, où des millions de volailles ont été abattues pour stopper sa propagation.
Il ne s’agit pas de la première transmission de grippe aviaire à l’humain dans le monde. D’autres sous-types, à savoir les souches H5N1, H7N9 et H9N2 ont en effet déjà prouvé leur capacité à infecter l’espèce humaine.
Mais comme le précise l’OIE, "il s’agit de la première transmission connue de ce sous-type particulier - H5N8" qui a donc "franchi la barrière inter-espèce" en se transmettant de l'oiseau à l'humain.
Pas de transmission entre deux personnes
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) reste prudente et rappelle que cette découverte doit être confirmée. Elle précise aussi que la transmission de la grippe aviaire à l'humain est un fait rare et nécessite "un contact direct ou étroit avec des oiseaux infectés ou avec leur environnement".
L’organisation dit aujourd’hui être "en discussion avec les autorités (russes) pour recueillir plus d'informations et évaluer l'impact de cet événement sur la santé publique". Même si, à l’heure actuelle, "ce variant du virus ne se transmet pas d'une personne à l'autre", selon Anna Popova, responsable de l'agence sanitaire russe Rospotrebnadzor.
Un risque de maladies graves ?
Ce virus doit toutefois "être surveillé" car il a un potentiel de mutation, prévient l’OMS. Et les variants qui en découleraient seraient en mesure de "provoquer des maladies graves chez les humains" qui ont "peu ou pas d'immunité contre le virus".
Cette découverte, si elle est confirmée, n’est pas étonnante. Pour Gwenaël Vourc'h, directrice de recherche à l'Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE) interrogée par l’AFP, ces virus "sont connus pour évoluer assez rapidement". "C'est dans l'ordre du possible de l'évolution virale", a-t-elle ajouté. "Il y a peut-être eu d'autres cas que l'on n'a pas vu, surtout s'il fait peu de symptômes", a précisé l'experte, selon qui ces sept cas russes ne pourraient être que "la pointe de l'iceberg".
Mais de leur côté, les ministères français de l'Agriculture et de la Santé ont assuré le 20 février que le virus de la grippe aviaire H5N8 présent sur des volailles en France ne présentait, à ce jour, "pas de risque de transmission" à l’humain.