Allongement des jambes : pour gagner des centimètres
1m62 pour une femme et 1m75 pour un homme, voilà pour la moyenne nationale française. Mais pour certains, être de petite taille peut être vécu comme un réel handicap. Traitements médicamenteux ou allongement des jambes... quels recours pour y remédier ?
Les mécanismes de la croissance
Dans les années 1950, un médecin russe, le Pr Gavril Abramovich Ilizarov, a fait une découverte qui a révolutionné l'orthopédie. Il a en effet compris qu'en sectionnant méticuleusement un os, ce dernier se remettait naturellement à pousser. Dans le jargon scientifique, on parle de distraction osseuse par régénération.
La distraction osseuse par régénération consiste à couper l'os en deux de façon chirurgicale et à l'allonger progressivement, millimètre par millimètre, grâce à un instrument métallique, un fixateur externe, jusqu’à ce que l'os se reforme naturellement. Depuis les années 1950, la méthode a évolué mais le principe reste le même. Le fixateur externe reste toutefois un outil très contraignant d'un point de vue pratique et esthétique.
Cette technique a, en tout cas, permis de traiter de nombreux enfants de petite taille, aux pieds déformés, aux fémurs trop courts ou aux jambes de longueurs différentes à cause notamment de troubles de la croissance. Car si à partir de l'âge de 2 ans, les enfants grandissent d'environ 5 cm par an, la croissance d'un os peut être ralentie accidentellement. En cause : une fracture mal consolidée, une grave infection, une anomalie congénitale ou encore la survenue de certains cancers. Tous ces facteurs peuvent perturber le mécanisme normal de la croissance osseuse.
Les répercussions sont plus ou moins lourdes. Avoir des jambes de longueurs différentes, par exemple, peut provoquer des anomalies de la marche ou une claudication handicapante entraînant des complications lombaires. Au-delà de 3 cm d'écart, un traitement d'allongement chirurgical peut être proposé.
Croissance et courbe
Dès l'âge de 2 ans, les enfants grandissent d'environ 5 cm par an. À la puberté, les hormones déclenchent une poussée de croissance. Les filles gagnent de 6 à 11 cm chaque année, alors que les garçons, eux, grandissent encore plus vite, soit de 7 à 12 cm.
Les médecins considèrent qu'il y a un retard de croissance lorsque le rythme de croissance d'un enfant est plus lent que la moyenne. Vers la fin de la croissance osseuse, entre 15 et 17 ans, on parle de petite taille pour une fille mesurant moins de 1m51 et 1m63 pour un garçon.
Gagner des centimètres grâce à la chirurgie
Achondroplasie : quand la croissance est perturbée. Pour que l'os puisse se développer, il faut qu'il y ait suffisamment de facteurs, d'hormones de croissance et d'hormones sexuelles, comme la testostérone et l'œstrogène, et ce, jusqu'à la fin de la puberté. Si l'un de ces facteurs manque, en raison d'une pathologie durant la croissance, ou d'un accident qui détruit les cartilages de conjugaison de l'os, ou bien encore qu'une anomalie génétique survient, comme l'achondroplasie, la croissance est perturbée.
Cas de chirurgie. Quand le tronc et les jambes sont trop courts, les deux jambes de longueurs inégales et les os des membres déformés, l'opération peut alors s'imposer. Elle n'est possible qu'à la fin de la croissance : environ 15 ou 16 ans chez la fille, 18 ou 19 ans chez le garçon.
Allongement des jambes : comment ça se passe ? L'intervention consiste à couper l'os en deux et à l'allonger progressivement, grâce à un instrument métallique implanté dans les deux parties. L'os se reforme au fur et à mesure entre les deux morceaux qui s'éloignent un peu plus chaque jour. Le périoste, fine couche qui entoure la diaphyse de l'os, va jouer un rôle primordial dans cette reconstruction.
Autre méthode de chirurgie : le clou centro-médullaire. Dans cette méthode, tout se passe à l'intérieur de la jambe. Le chirurgien coupe l'os et il y introduit un clou qui est composé d'une partie mâle et d'une partie femelle. Ces deux parties vont coulisser l'une dans l'autre pour s'adapter au mouvement de flexion et d'extension de la jambe. Cette technique peut entraîner des complications.
Depuis quelques années, dans certains cas, les chirurgiens utilisent un dispositif invisible. Un clou implanté à l'intérieur même de l'os à rallonger. Le patient lui-même commande l'allongement grâce à une télécommande externe. Le gain est en moyenne d'un centimètre par mois.
Allongement des os : les suites opératoires
Après l'intervention, les patients ne restent que quelques jours en observation à l'hôpital. Mais une rééducation intensive est indispensable car, en plus de l'os qui se régénère, il y a tout autour la chair, la peau, les muscles, les vaisseaux et les nerfs. Ils doivent aussi se développer pour s'adapter à cette croissance osseuse. Les muscles mettent plus de temps à s'adapter à la régénération. Ils peuvent se rétracter, ce qui risque de limiter les mouvements articulaires et de provoquer des douleurs intenses si le patient ne fait pas suffisamment d'exercices.
L'allongement osseux est une intervention lourde qui nécessite de longs mois de rééducation. Elle ne doit en aucun cas être pratiquée comme une opération à simple visée esthétique. Ce parcours médical est très complexe et implique l'expertise de divers spécialistes : endocrinologue, radiologue, chirurgien orthopédiste.