Infections osseuses : quand les germes attaquent les os
Une petite plaie cutanée qu'on néglige, une infection dentaire qu'on laisse un peu traîner ou encore un germe intestinal qu'on contracte et qui s'avère plus méchant qu'il n'y paraît... Ces situations sont parfois le point de départ d'une infection osseuse et elle peut avoir de lourdes conséquences.
Comment se développe une infection osseuse ?
Une petite plaie cutanée qu'on néglige, une infection dentaire qu'on laisse un peu traîner ou encore un germe intestinal qu'on contracte et qui s'avère plus méchant qu'il n'y paraît... Toutes ces situations peuvent être le point de départ d'une infection osseuse.
Les germes peuvent atteindre l'os par plusieurs voies. Tout d'abord, par voie sanguine : les bactéries sont transportées jusqu'à l'os par les vaisseaux et s'y développent. C'est l'ostéomyélite. Dans un os, il y a en haut et en bas, les épiphyses, et au centre la métaphyse, plus fine. C'est à ce niveau que les germes vont stagner et créer un abcès à la surface de l'os que l'on appelle le périoste. Sans traitement, l'os peut se nécroser car il n'est plus vascularisé. L'ostéomyélite concerne essentiellement les enfants d'une dizaine d'années, car elle n'affecte que des os en croissance.
L'infection osseuse peut aussi se faire par voie directe. Les bactéries peuvent infecter directement l'os à la suite d'une chirurgie osseuse, une fracture ouverte ou une pose de prothèse. Des bactéries peuvent se développer autour de la prothèse, et attaquer et détruire l'os en quelques semaines. C'est ce qu'on appelle l'ostéolyse. Si elle n'est pas prise en charge à temps, l'infection peut remonter jusqu'à la peau et créer une fistule (un canal par lequel le pus s'évacue), ce qui favorise la surinfection.
Infections osseuses : identifier le germe responsable
Pour traiter une infection osseuse, il faut identifier le germe incriminé. C'est tout le travail des biologistes et des infectiologues. Cette identification permet ensuite de donner au patient l'antibiotique le mieux adapté à son cas.
Les bactéries aiment coloniser les matériaux étrangers. Pour diagnostiquer les infections osseuses, du liquide ostéo-articulaire est prélevé. Les prélèvements sont ensuite envoyés au laboratoire pour être scrutés par l'oeil expert du microbiologiste.
Mais l'oeil ne suffit pas. Le prélèvement est ensuite préparé pour une numération, c'est-à-dire un comptage des cellules immunitaires. Leur augmentation peut être le signe d'une infection. Le technicien effectue aussi un ensemencement. Les germes sont introduits dans un milieu de culture pour qu'ils se multiplient.
Sous microscope, les germes sont identifiés. Une fois l'ennemi cerné, il faut alors déterminer l'arsenal thérapeutique le plus efficace pour le combattre. Un antibiogramme est réalisé. La bactérie est mise en contact avec plusieurs antibiotiques différents.
Les antibiotiques efficaces sont généralement administrés au patient avant et après la chirurgie de changement de prothèse. Le taux de succès de cette prise en charge varie entre 85 et 95%.
Le centre de référence des infections osseuses du Groupe Hospitalier Diaconesses - Croix Saint-Simon (Paris) traite près de 300 cas d'infections osseuses par an, dont la moitié est due à des prothèses orthopédiques.
Infections de prothèses : quel traitement ?
Environ 1% des patients porteurs d'une prothèse orthopédique développent une infection osseuse. Dans ce cas, il est souvent nécessaire de retirer le matériel pour nettoyer la zone infectée et le remplacer par une nouvelle prothèse.
Phagothérapie : des virus pour lutter contre les infections osseuses
Certaines infections osseuses résistent aux antibiotiques. Pour endiguer l'infection, on peut alors recourir à la phagothérapie. Le principe : utiliser des virus pour lutter contre les bactéries. Le centre de référence des infections osseuses des Hospices Civils de Lyon, situé à l'hôpital de la Croix-Rousse, propose ce traitement à certains de leurs patients.
La phagothérapie consiste à utiliser des phages, des virus programmés pour tuer les bactéries. Une fois leur cible choisie, ils y injectent leur ADN pour s'y multiplier, former une armée et tuer leur hôte.