Isotrétinoïne : un traitement dangereux pour les femmes enceintes
Le médicament est encore pointé du doigt. Utilisé pour traiter les acnés sévères ou récalcitrantes aux traitements, il est aujourd'hui sous surveillance.
Il s’agit d’une molécule, créée en 1984 sous le nom de Roaccutane, commercialisée aujourd’hui sous forme de 4 génériques, Acnétrait, Contracné, Curacné et Procuta. Son action bloque les mécanismes de l’acné en réduisant l'activité des glandes sébacées.
Malformations du foetus
La prise d’isotrétinoïne pendant une grossesse entraîne un risque élevé de malformations chez le fœtus. La prescription de ce médicament est donc très encadrée. Elle doit être initiée par un dermatologue et commencer un mois après le début d’une contraception sans aucun risque d’oubli comme le stérilet, l’implant ou l’addition de la pilule et du préservatif. Cette contraception doit être poursuivie un mois après l’arrêt du traitement car le produit circule encore dans le sang de la jeune femme et pourrait encore affecter le fœtus. Un test de grossesse doit aussi être réalisé une fois par mois pendant toute la durée du traitement.
Pourtant l’Agence du médicament (ANSM) alerte sur le respect insuffisant de ces mesures. Elle recense encore chaque année 175 grossesses chez des femmes qui prennent ce médicament.
Troubles psychiques
L’Autorité sanitaire rappelle aussi la nécessité d’une grande vigilance face à la survenue de troubles psychiques sous ce traitement.
« J’interroge beaucoup le patient sur ses antécédents de dépression. S’il existe le moindre antécédent dépressif, si je vois que le patient a une fragilité psychologique bien sûr je ne prescrirai pas. Mais c’est par précaution. Il faut bien dire qu’un jeune ou une femme qui a de l’acné, déjà sur son mental il peut y avoir une répercussion importante », explique Dr Daniel Interligator, dermatologue.
Attention aux changements d'humeur
Les proches doivent aussi surveiller de près l’apparition d’un changement d’humeur et d’une tendance dépressive aggravée. Car de très rares cas de suicides sont survenus chez des patients traités par isotrétinoïne. Même si aucune étude n'a permis de confirmer le lien entre la prise du traitement et ces troubles psychiatriques, selon l’Agence du médicament.
L’ANSM souhaite créer début 2021 un comité rassemblant professionnels de santé et patients pour définir les mesures complémentaires pour limiter les risques liés à la prise de ce médicament.