Les virus de l'herpès manipulent l'ADN de la même façon que les tumeurs
Des chercheurs ont découvert un lien entre le développement de tumeurs et l'infection à cytomégalovirus, mieux connue sous le nom d'herpès. Tous deux exploitent une région de l’ADN humain qui est inactive dans les tissus sains.
On le savait, les virus sont pernicieux. Ils ont évolué pour tromper les cellules de l'organisme qu’ils infectent. Ils échappent au système immunitaire de l’hôte et utilisent son métabolisme à leur avantage. Le cytomégalovirus (CMV), un virus de l'herpès particulièrement dangereux pendant la grossesse, ne fait pas exception. Un groupe de chercheurs du Mount Sinaï a découvert que le CMV, à l'instar d'autres virus de l'herpès, induit l'activation d'une séquence d'ADN normalement inactive dans des cellules humaines.
Fait surprenant : c'est le même mécanisme que celui observé dans le développement des tumeurs. "L'évolution des tumeurs peut nous donner des informations sur les virus et vice versa. Comprendre un système peut nous aider à traiter l’autre", a souligné Benjalin Greenbaum, premier auteur de l’étude publiée le 9 janvier dans la revue Nature communications.
A lire aussi: Un processus immunitaire pour protéger le fœtus
Le virus réveille une séquence d'ADN humain pour se multiplier
Les chercheurs ont découvert que le cytomégalovirus, lorsqu'il infecte des cellules humaines, favorise l'activation d'une séquence d'ADN, appelée HSA TII, qui reste normalement inactive. La séquence HSA TII se trouve dans différentes parties de l'ADN humain, sur différents chromosomes et, dans des conditions physiologiques, elle n'est pas traduite en protéines.
Cependant, après l’infection, cette sequence s’active et produit un messager (un ARN), une sorte de copie de la séquence d’ADN, qui aide le virus à produire ses protéines, à se multiplier et à sortir de la cellule pour en infecter d’autres.
Une quantité anormale d'ARN de HSA TII est également produite dans les cellules cancéreuses, en particulier dans les cancers du poumon, du pancréas, des ovaires, du côlon, du foie et de la prostate.
A lire aussi: Alzheimer: une maladie virale?
Maladies liées à l'infection par les virus de l'herpès
Cette découverte pourrait être une première étape pour découvrir comment les virus de l'herpès, qui restent latents dans l'organisme toute la vie après l'infection, peuvent être liés à d'autres maladies.
Le cytomégalovirus, par exemple, peut causer des colites ulcéreuses, avec douleurs abdominales et saignements gastro-intestinaux. Les chercheurs ont mené une étude préliminaire sur un petit nombre de patients atteints de colite due au cytomégalovirus et ont constaté que la HSA TII était exprimée dans les cellules du côlon.
Les auteurs supposent que ce mécanisme pourrait jouer un rôle dans le développement d'autres maladies causées par les virus de l'herpès, telles que l'encéphalite, la pneumonie, l'hépatite et même la maladie d'Alzheimer, dont l'apparition pourrait, selon certaines recherches, être également déterminée par les virus de l'herpès. La recherche représente peut-être un pas en avant dans la compréhension du lien entre le cytomégalovirus et le cancer. En effet, plusieurs études ont suggéré que le CMV soit également impliqué dans le développement de tumeurs, il pourrait en favoriser la croissance et la progression.
Par la rédaction d'Allodocteurs.fr