La pollution automobile augmente les passages aux urgences
Selon une étude de l’Insee, la pollution au monoxyde de carbone et aux particules fines provoquée par le trafic automobile est liée à une hausse des admissions aux urgences pour problèmes pulmonaires.
"La pollution de l’air issue du trafic automobile affecte la santé respiratoire des populations urbaines à très court terme." C’est le constat inquiétant que fait l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans une étude publiée le 27 mai 2019. Selon les experts à l’origine de cette publication, un pic de pollution automobile est responsable d’une hausse des affections et des anomalies respiratoires le jour même et dans les deux jours suivants l’épisode.
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Monoxyde de carbone et particules fines
Pour arriver à ce constat, les experts se sont appuyés sur les données de pollution et de fréquentation des urgences de certaines journées bien particulières : celles de grève des transports à Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Lille, Nice, Nantes, Strasbourg, Rennes entre 2010 et 2015, soit en tout 91 épisodes de grèves d’une journée.
Pourquoi ce choix ? Parce que les autres pics de pollution sont liés aux conditions météorologiques qui peuvent elles-mêmes influer sur la santé respiratoire.
Les jours de grève des transports s’affranchissent donc de ce paramètre et présentent tout de même des niveaux élevés de pollution, dus à un recours plus élevé que d’ordinaire aux véhicules motorisés : le jour même, la concentration en monoxyde de carbone grimpe de 10%, la concentration en particules fines de moins de 2,5 micromètres (PM2,5) augmente de 10 à 13% le lendemain et le surlendemain. "Pour les particules fines, ces différences de concentrations moyennes sont du même ordre de grandeur que celles observées entre un dimanche et un jeudi" notent les experts de l’Insee.
Hausse des admissions aux urgences pendant trois jours
Et qu’ont-ils observé du côté des urgences ? Le jour de la grève des transports, les experts ont relevé une hausse de 0,3 admission par million d’habitants pour des affections aiguës des voies respiratoires supérieures (pharyngite, laryngite…), par rapport à un niveau moyen de 0,8 admission par million d’habitants un jour "standard". Les deux jours suivants, ils ont constaté une augmentation des admissions aux urgences en hausse de 0,2 admission par million d’habitants pour des anomalies de la respiration.
L’Insee conclut donc à un "impact significatif de la pollution de l’air automobile sur la santé, y compris pour de faibles variations de la qualité de l’air urbain."
Un impact sous-évalué ?
D’autant que l’impact constaté pourrait être sous-évalué. En effet, les perturbations dans les transports induisent une moindre propagation des virus respiratoires car les échanges et les contacts entre les personnes sont moins fréquents pour plusieurs raisons : moins de déplacements vers les lieux de travail, enfants moins présents dans les écoles et transports en commun moins utilisés. "Ainsi, les deux jours suivant la grève, les admissions aux urgences pour grippes et pneumonies diminuent " observe l’Insee. "Les admissions aux urgences pour pathologies respiratoires sont donc moins nombreuses que si seul le surcroît de pollution de l’air était en cause" conclut l’institut.