Pollution et risques pour la santé : les réponses d'un spécialiste
Asthme, bronchites, cancers ? Quelles sont les conséquences sur notre organisme de la pollution qui sévit sur la France depuis plusieurs jours ? Les réponses avec le Dr Gilles Dixsaut, physiologiste respiratoire et membre de la Fondation du souffle.
- Quels sont les risques à long terme de la pollution aux particules fines ?
Dr G. Dixsaut : "Les effets à long terme sont essentiellement cardiovasculaires parce que la pollution qui passe par les voies aériennes va ensuite passer dans la circulation. Ça va créer un certain nombre de pathologies cardio-vasculaires, notamment des ischémies cardiaques, des infarctus du myocarde, des accidents vasculaires cérébraux, des embolies pulmonaires… En terme de nombre de cas et de mortalité, c’est le risque le plus important. Le risque le plus connu est respiratoire. Il y a un effet irritant qui aggrave les maladies asthmatiques, les bronchopathies obstructives. Un autre effet connu, c’est l’effet cancérogène qui a été mis en évidence par le centre international de recherche sur le cancer."
- Quels sont les conséquences sur la santé des enfants? Peut-on les protéger de la pollution?
Dr G. Dixsaut : "Les conséquences pour les enfants c’est d’abord un retard de développement pulmonaire. A long terme, cela a un effet sur le risque de maladies respiratoires. Il n’y a pas de moyen direct pour les protéger, si ce n’est de les éloigner de la pollution. Les masques ne servent pas à grand chose, sauf ceux à cartouche. Mais c’est compliqué de se promener avec ça..."
- En cas de pollution, un enfant asthmatique doit-il être dispensé de cours de sport si la séance se déroule à l'extérieur ?
Dr G. Dixsaut : "Ce qui est important, c’est d’éviter une hyperventilation, c’est à dire des activités sportives qui vont conduire à une hyperventilation. Quand ils font du sport, les enfants respirent par la bouche donc ils se privent de l’effet du filtre à pollution qu’est le nez. D’autre part, quand ils hyperventilent, ils inhalent plus de polluants qui vont avoir un effet d’hyper-réactivité sur les bronches et c'est sensible chez les enfants asthmatiques qui ont déjà une hyperréactivité bronchique de base."
- En cas de pollution, faut-il aérer son domicile ?
Dr G. Dixsaut : "À l'intérieur de la maison, on a aussi une pollution de l'air intérieur qui est d'une autre nature. L'idéal, c'est donc d'aérer son domicile aux heures de faibles pollutions extérieures, notamment le matin de bonne heure. Ce qui est important, c’est aussi d’avoir une aération permanente, une ventilation."