Très chères dialyses
Dialyses trop chères, greffes de reins pas assez nombreuses... Régulièrement, la Cour des Comptes dénonce les dérives financières de la prise en charge des patients souffrant d'insuffisance rénale.
Cela fait treize ans que Claude a rendez-vous plusieurs fois par semaine dans un centre de dialyse pour conserver une vie à peu près normale. Le parcours de soins des insuffisants rénaux est un marathon. Claude a déjà été greffé d'un rein. Mais il en attend un nouveau car son greffon ne fonctionne plus. "Là, je vais à la dialyse pour quatre heures. Je fais ça trois fois par semaine et ça fait six mois que je le fais. Avant de le faire, j'étais transplanté pendant sept ans. Et avant d'être transplanté, j'avais déjà été dialysé pendant quatre ans et demi, donc c'est vraiment une longue histoire !"
La dialyse : 65.000 euros par an et par patient
En France, 40.000 patients se rendent régulièrement dans un centre de dialyse. Chaque séance nécessite la présence d'un infirmier qui effectue le branchement. La machine fait le travail que les reins de ces malades ne peuvent plus faire : filtrer les déchets contenus dans l'organisme. C'est une question de survie. Mais la dialyse est très coûteuse pour la collectivité : 65.000 euros par personne et par an. Parmi tous les traitements de maladies chroniques, la dialyse est celui qui revient le plus cher à l'Assurance maladie.
Selon Jean Zambrowski, économiste de la sante, "la dialyse utilise aujourd'hui des machines, des liquides, de plus en plus sophistiqués, sûrs et performants. Elle utilise des moyens de surveillance de plus en plus raffinés pour offrir au patient la plus grande qualité d'acte, la plus grande sécurité et la plus grande durée de vie derrière. On pourrait en rester au matériel d'il y a quinze ans mais ça ne s'appelle pas le progrès. On transforme des condamnés à mort en des gens qui ont la capacité de vivre. C'est l'objectif même du système de santé".
Développer la greffe de rein
Pour limiter le coût des dialyses, il faudrait augmenter le nombre de greffes. Le patient est ainsi guéri et arrête les dialyses. Mais la France est en retard par rapport à ses voisins européens. Il n'y a pas assez de greffons et seulement 60% des malades reçoivent un rein contre 81% en Norvège. Pour l'Agence de la biomédecine, il y a une autre raison à ces listes d'attente. On prendrait plus de précautions en France. Certains patients ne pourraient pas recevoir de greffons car les médecins estiment qu'il y a trop de risques pour eux. "Un exemple : le patient a une maladie rénale parce qu'il est diabétique, explique le Pr Olivier Bastien, directeur du prélèvement et de la greffe à l'Agence de la biomédecine. On fait son bilan. On lui propose une greffe et on lui découvre une coronaire qui est atteinte par le diabète et donc il va falloir soigner la coronaire avant de pouvoir le greffer. Ce traitement-là peut nécessiter plusieurs mois et reporter la greffe".
Augmenter le nombre de greffes est une solution mais cela n'inversera pas dans l'immédiat la tendance sur les coûts de la dialyse. La progression constante de maladies chroniques comme le diabète et l'hypertension va augmenter le nombre d'insuffisants rénaux. Il y a, chaque année en France, 8.000 nouveaux malades pour à peine 4.000 greffes de rein.