Suicide : le désespoir au coeur du Guyana
Au Guyana, les taux de suicide sont parmi les plus élevés au monde.
En 2015, le Guyana présentait le pire taux de mort par suicide selon l'OMS. À l'époque, il était de 44 suicides pour 100.000 personnes, soit près de trois fois le taux mondial moyen. Depuis, selon les années, le pays oscille entre les cinq dernières places.
Le Guyana est un pays situé en Amérique latine. Il a une frontière avec le Brésil au sud, le Venezuela à l'ouest et le Suriname à l'est. Il compte 770.000 habitants, dont seulement quatre psychologues et deux psychiatres. Pourtant, cette population cumule presque tous les facteurs de risque de suicide connus : pauvreté, faible éducation, alcoolisme important et violence domestique... Une violence profondément ancrée dans la culture du pays.
Si la violence a été théoriquement bannie des écoles, elle reste très présente dans les familles, avec une forte part d'abus sexuels. L'Unicef a d'ailleurs récemment lancé une double campagne d'information pour lutter contre ce fléau. Ces violences sont au coeur des raisons qui conduisent les adolescents de 14 à 19 ans à être en tête des statistiques de tentatives de suicide.
Les adolescents en première ligne
Les angoisses associées à l'adolescence sont aggravées par un environnement très dur : une grande misère, le chômage des parents, une "maison" d'une seule pièce avec des conditions sanitaires parfois difficiles... Des associations interviennent dans les écoles pour parler aux élèves et mettre fin à la loi du silence.
Ces actions sont précieuses parce qu'il n'existe pas vraiment de programme national de prévention du suicide au Guyana. Depuis le "choc" de 2015, certaines mesures devaient être mises en place comme par exemple la présence d'un "conseiller psychologique" par école... Mais dans les faits, presque rien n'a été mis en oeuvre hormis une ligne d'appel d'urgence. Les personnes habitant près de la capitale Georgetown sont orientées vers l'hôpital.
Les psychologues qui les accueillent les soutiennent psychologiquement et surtout mobilisent la justice si nécessaire. Les personnes qui veulent mettre fin à leurs jours se trouvent souvent dans des situations terribles où elles ne voient pas d'autre issue car elles n'ont souvent accès à aucune aide. Il est donc important pour les psychologues de former le maximum de relais dans des centres de santé locaux mais les moyens manquent.
Trouver des relais en zones rurales
Un grand nombre de suicides ont lieu dans des zones rurales où le système de soins est particulièrement défaillant. C'est la raison pour laquelle Supriya Bodden a voulu apporter une solution au coeur d'une de ces régions très démunies. Avec sa fondation, la "Guyana Foundation", elle a créé un centre "doublement" conçu pour réduire le nombre de suicide. Considérant qu'une de leur cause était le désespoir "économique", l'absence de travail, de possibilité de vivre et faire vivre sa famille, ses équipes proposent des programmes de formation très pratiques.
Si ces programmes permettent aux participants d'avoir ensuite un métier et un revenu, ils leur permettent d'avoir accès à un conseiller pour parler de problèmes psychologiques. Pour le moment, il n'existe qu'un centre. La fondation se rend donc dans les villages isolés pour trouver des personnes qui peuvent devenir des relais. Elles sont ensuite formées en trois mois dans une université de Cuba qui propose un cursus de "conseil psychologique de base".