Pourquoi le sport diminue-t-il le risque de cancer du sein ?
L'activité physique est devenue un atout en termes de prévention du cancer du sein, mais aussi en cours de traitement. Les explications avec le Dr Nicolas Barizien, médecin du sport.
En France, une femme sur huit est concernée par un cancer du sein (59.000 nouveaux cas en 2017). Et 15 à 20% de ces cancers sont directement imputables à la sédentarité. L'activité physique permettrait d'éviter 10.000 à 12.000 nouveaux cas par an.
Les bienfaits de l'activité physique en prévention du cancer du sein
L'activité physique est la thérapeutique non médicamenteuse qui a les meilleurs résultats sur la prévention primaire (le fait de ne pas avoir un cancer du sein) et sur la prévention tertiaire (ne pas récidiver ou mourir de son cancer). L'effet est majeur sur les cancers du sein dits hormono-sensibles.
Le bénéfice préventif du sport sur le cancer du sein est colossal. De plus, rester active pendant le traitement optimise l'efficacité de la radiothérapie et de la chimiothérapie et limite leurs effets secondaires. Au vu de l'importance de ce bénéfice, tous les cancérologues de France doivent préconiser et faire prescrire des activités physiques et sportives à leurs patientes atteintes de cancer du sein.
On constate également un effet dose de l'activité physique avec une diminution du risque de 6% pour chaque heure d'exercice hebdomadaire supplémentaire.
Comment expliquer les bienfaits du sport ?
Le lien entre cancer du sein et activité physique est la régulation du poids, en particulier le contrôle de la masse grasse. En effet, l'excès de graisse intra-abdominale décuple la production d'oestrogène par une enzyme appelée aromatase. Cet excès d'oestrogène pendant de longues périodes transforme les cellules mammaires en cellules cancéreuses.
D'autre part, la sédentarité et l'excès de poids perturbent la sécrétion d'insuline pouvant aller jusqu'au diabète de type 2. Et les cellules cancéreuses se démultiplient sous l'influence de l'insuline.
De grandes études internationales ont montré qu'une femme qui prend plus de 10 kilos au cours de sa vie (depuis ses 18 ans) développe un sur-risque de cancer du sein de 24%. Quand la prise de poids s'élève à 25 kilos et plus, le sur-risque est de 45%. Enfin, une femme qui prend 10 kilos et plus au cours de la ménopause développe un sur-risque de 18%. Il faut donc s'en occuper.
Quelles sont les recommandations ?
Pas besoin d'être nécessairement sportive pour se prémunir du cancer du sein. Il suffit de bouger et ne pas manger trop sucré pour limiter sa prise de poids. Il est recommandé de réaliser 8.000 à 9.000 pas par jour.
Un autre bénéfice peu connu du sport concerne une des complications de la chirurgie du sein : le lymphoedème. Après une opération du cancer du sein, il y un risque important de lymphoedème (gros bras), de douleurs de l'épaule pouvant aller jusqu'à une épaule gelée. Pour éviter ces complications, il est recommandé de bouger le bras progressivement, le plus vite possible après l'opération. Il est également possible de suivre quelques séances de rééducation pré-opératoire afin de ne pas découvrir les exercices dans le contexte de stress et d'angoisse après la chirurgie.
Quelques exercices simples peuvent ensuite être réalisés en auto-rééducation à la maison. Dès que le chirurgien donne son accord, il est recommandé de pratiquer un sport adapté (escrime, badminton, karaté...) afin de récupérer la mobilité complète de l'épaule, de limiter la survenue du lymphoedème et d'éviter l'installation de douleurs chroniques.
La ménopause, une période charnière
Il est possible de se protéger du cancer du sein, avec un mode de vie actif et une alimentation équilibrée. Surtout à l'approche de la ménopause. Mesdames, pour votre ménopause, voici quelques précieux conseils :
- faites-vous dépister
- mettez vos baskets et allez marcher
- retrouvez vos copines autour d'un repas sain et équilibré
- offrez-vous ou faites-vous offrir un abonnement à une salle de gym proche de chez vous.