Ecrans et jeux vidéo : une addiction comme une autre ?
L'usage excessif des écrans et des jeux vidéo par les jeunes inquiète le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Dans un rapport sur les addictions, publié ce 24 juin, il réclame une meilleure prise en compte par les pouvoirs publics de cette pratique qui concernerait 5% des adolescents.
Trois questions à Michael Stora, psychologue et psychanalyste, fondateur de l'Observatoire des mondes numériques en sciences humaines.
- A partir de quel moment faut-il s'inquiéter d'un usage excessif des écrans et jeux vidéo ?
Michael Stora : "Cela ne se mesure pas en nombre d'heures passées devant les écrans. On commence à vraiment s'inquiéter lorsqu’il y a une rupture des liens sociaux. Je rencontre parfois certains jeunes déscolarisés, qui ne font plus que cela et dans ce cas, on peut réellement parler d'addiction."
- Est-ce qu'il peut y avoir une nécessité de sevrage ?
Michael Stora : "Oui, comme pour toute addiction même si le DMS-5 (NDLR : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l'Association américaine de psychiatrie), la classification psychiatrique internationale, ne la reconnaît pas comme telle. D'ailleurs, lorsque l'on commence à évoquer les questions de sevrage avec certains jeunes, ils peuvent faire des dépressions lourdes ou devenir incroyablement violents."
- Certains jeux vidéo sont-ils plus propices à l'addiction que d'autres ?
Michael Stora : "Oui, en particulier les jeux en ligne avec ce que l’on appelle des « mondes persistants » qui peuvent comporter des éléments « addictogènes ». Mais cela touche souvent des jeunes particuliers, souvent des enfants précoces ou encore des adolescents qui sont élevés dans la culture de la performance et de la réussite à tout prix."