La gale, une maladie très contagieuse
Pour beaucoup, la gale est une maladie du passé ou du tiers-monde. Pourtant, depuis quelques années, la gale est de retour en France et sévit dans tous les milieux sociaux, quelles que soient les conditions d'hygiène. Qu'est-ce que cette maladie de la peau et comment la traiter ?
Qu'est-ce que la gale ?
La gale, scabiose ou "mal de Sainte-Marie" est une affection contagieuse de la peau spécifique à l'humain. Le coupable de la gale est un petit parasite acarien à huit pattes : le sarcopte. Il est minuscule et invisible à l'oeil nu.
La femelle a la mauvaise idée de pondre ses oeufs sous la couche cornée de l'épiderme où elle creuse des tunnels. Cela génère des lésions à la surface de la peau : des sillons et parfois des petites vésicules perlées ou des nodules scabieux.
Quels sont les symptômes de la gale ?
Ces lésions sont visibles à des endroits bien particuliers : entre les doigts, au niveau des poignets, des coudes, des aisselles ou encore des aréoles mammaires chez les femmes et des organes génitaux chez les hommes. Le problème, c'est que ces lésions ne sont pas systématiques.
C'est pourquoi le symptôme le plus caractéristique de la gale sont en réalité des démangeaisons nocturnes et très intenses qui peuvent réveiller le malade. Les médecins parlent de "prurit nocturne". Ces démangeaisons sont dues à une réaction immunologique du corps contre les déjections et les oeufs du sarcopte.
Diagnostiquer la gale
La gale est souvent mal diagnostiquée et confondue par un oeil non averti avec un eczéma ou une réaction allergique. Des démangeaisons nocturnes sont caractéristiques de la gale. À l'oeil nu, le dermatologue recherche aussi des lésions spécifiques de la maladie comme des sillons, le plus souvent situés entre les doigts ou les poignets des patients.
Un exercice qui peut être compliqué comme le confirme la Docteure Laure Dehen, dermatologue : "Les choses sont parfois difficiles parce que ces lésions sont mélangées avec les lésions d'eczéma, confondues avec de l'eczéma… Mais si vous observez bien les extrémités de ces personnes, c'est-à-dire les mains, les poignets, les paumes, les espaces inter-digitaux… vous observerez soit des lésions secondaires au grattage, soit des lésions spécifiques parce que ce sont les endroits où la femelle fécondée creuse son sillon".
La plupart du temps, cet examen clinique suffit pour affirmer le diagnostic. Mais le dermatologue peut aussi examiner son patient à l'aide d'un instrument : un dermoscope. En cherchant bien avec le dermoscope, le médecin peut trouver un parasite au bout du sillon. Mais l'exercice est délicat et demande un peu d'entraînement.
Enfin, un autre examen tout aussi technique permet de rechercher le sarcopte de la gale directement sur le corps du patient. Pour ce faire, les dermatologues grattent la surface de la lésion. En général, il y a à peine une dizaine de parasites sur le corps. Il faut donc savoir où chercher pour les trouver.
Une fois le diagnostic posé, le patient est traité dans la journée. Après 72 heures, il n'est plus considéré comme contagieux.
Quels sont les traitements de la gale ?
La gale n'est pas une maladie qui guérit spontanément. Plusieurs traitements existent :
- un produit antiparasitaire : le benzoate de benzyle (en lotion ou en spray), généralement appliqué sur l'ensemble du corps sauf sur le visage et les muqueuses génitales, au pinceau, et laissé en place plusieurs heures, puis rincé. Ce produit est irritant et il peut vous être proposé de passer une crème à la cortisone après traitement.
- un traitement par voie orale : l'ivermectine, une molécule connue pour son activité antiparasitaire. Le traitement est souvent prescrit en une ou deux doses uniques, espacées de deux semaines.
Comment se transmet la gale ?
La gale est très contagieuse. Elle se transmet par des contacts rapprochés. C'est pourquoi elle est classée médicalement dans les infections sexuellement transmissibles (IST). Mais ce classement est trompeur puisque la gale se transmet souvent en dehors de toute activité sexuelle.
La dissémination du parasite est favorisée par la vie en collectivité ainsi que par le non-respect des règles d'hygiène. Dans les formes hyperkératosiques, les squames favorisent la dissémination de la maladie. Toutes les personnes vivant dans des collectivités par exemple sont plus exposées. C'est le cas des personnes âgées en maison de retraite ou encore des enfants en garde collective.
L'incubation est de trois semaines en moyenne lors d'une première contamination et plus courte en cas de re-contamination.
Pour se débarrasser de la gale, des traitements efficaces et simples existent. Ils sont administrés par voie orale, sous forme de crème ou encore de douches réalisées à l'hôpital. Afin d'éviter toute propagation de la maladie, il est important de traiter parallèlement au patient qui consulte, toutes les personnes susceptibles d'avoir été contaminées. Sans quoi la gale devient une véritable affaire de famille.
Que faire en cas de contamination ?
Il faut impérativement traiter l'entourage de la personne atteinte par la gale : les partenaires sexuels, les membres de la famille vivant sous le même toit, et toutes les personnes ayant des démangeaisons dans l'entourage (famille, amis...).
Il faut laver tous les vêtements et literie à 60°C, ou pour les tissus ne pouvant supporter ce lavage, les désinfecter avec une poudre antiparasitaire.
Quant aux matelas, sofas, canapés, tissus d'ameublement, sièges auto non déhoussables des enfants, etc... ils pourront être eux aussi aspergés de poudre insecticide pendant 24 heures, puis aspirés.
La gale n'est pas une maladie à déclaration obligatoire. Cependant, dans le cadre d'une garde collective d'enfants ou de rapports rapprochés avec d'autres personnes, il est fortement recommandé, si vous êtes concernés, de signaler la gale à toutes les personnes qui pourraient être rapprochées. C'est en effet le seul moyen d'enrayer la propagation.
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