L'anosmie, l'odorat en moins
Le covid-19 a mis en lumière ce symptôme méconnu. La perte d'odorat peut se conjuguer à une perte du goût, également appelée anosmie. Un dysfonctionnement qui toucherait un million de personnes en France.
Parfum de rose, odeur de transpiration… Toute la journée notre odorat est actif sans que nous en soyons vraiment conscient. Notre système olfactif nous permet de détecter d'innombrables odeurs et d'en apprendre sans cesse.
Comment fonctionne l'odorat ?
L'organe de l'odorat se situe dans la partie haute de la cavité nasale. Il est composé d'une muqueuse olfactive qui ne fait que cinq centimètres carrés, elle concentre des millions de cellules capables de reconnaître plus de 10.000 odeurs.
Cette muqueuse est tapissée de cils et de mucus qui vont capter les molécules odorantes. Une fois diluées, ces molécules migrent dans des fentes et activent les récepteurs olfactifs. Grâce à des terminaisons nerveuses, ils transmettent l'information au niveau du bulbe olfactif. Le message électrique suit alors son chemin grâce au nerf olfactif jusqu'au centre d'analyse pour identifier l'odeur (au niveau du lobe temporal).
Les troubles de l'odorat apparaissent quand ce circuit est altéré. Il peut s'agir d'un problème de transmission. Un obstacle empêche les molécules odorantes d'atteindre la partie sensible du nez, autrement dit les récepteurs olfactifs. Il peut s'agir par exemple d'un polype ou une rhinite.
Il peut aussi s'agir d'un problème de perception. Dans ce cas, l'odeur est captée mais l'information nerveuse n'est pas transmise au cerveau. Parmi les causes, une lésion sur le trajet nerveux, entre les cellules et le centre olfactif. Traumatisme, intervention chirurgicale, intoxications médicamenteuses... peuvent en être la raison.
Anosmie, quand les odeurs disparaissent…
Parfois, le système olfactif ne fonctionne pas très bien. C'est ce que l'on appelle les troubles de l'olfaction ou dysosmie qui sont essentiellement de deux types :
- les troubles quantitatifs comme lorsque l'odorat diminue de façon importante (hyposmie) ;
- les troubles qualitatifs, quand on perçoit une mauvaise odeur (cacosmie), ou une odeur déformée (parosmie) ou encore une odeur qui n'existe pas (phantosmie).
Et quand vous perdez totalement l'odorat il s'agit de l'anosmie. Une infection ORL est fréquemment responsable d'anosmie, comme un rhume ou le virus du Covid-19. Autres causes : les sinusites, les traumatismes crâniens, des allergies, un polype des fosses nasales (10%), un excès de tabac, ou l'utilisation de certains médicaments comme les psychotropes
Dans 85% des cas, quand on perd l'odorat, on perd également le goût (c'est l'agueusie).
Anosmie : quel diagnostic ?
En cas de troubles de l'odorat, l'ORL peut proposer des tests d'olfactométrie afin d'évaluer l'importance de ces troubles.
Quand les causes d'un trouble de l'odorat sont identifiées, il est important de réaliser des tests olfactifs pour évaluer le niveau de perception et de reconnaissance des odeurs. Un de ces tests est le potentiel évoqué. L'objectif est de s'assurer que le circuit olfactif n'est pas endommagé au niveau du cerveau.
Pour réaliser cet examen, des électrodes posées sur le patient vont enregistrer les activités électriques de son cerveau. Une canule est également posée, elle permet d'appliquer de petites bouffées d'odeurs. Le patient a alors deux boutons, un dans chaque main, pour indiquer si oui ou non il sent l'odeur.
"Avec cet examen, on teste si le signal électrique passe bien, depuis les cellules de la cavité nasale jusqu'au cerveau (…) Au moment de la perception odorante, on s'attend à une activité forte à la base du lobe frontal", explique Didier Trotier, chercheur du CNRS.
Le potentiel évoqué est un examen assez long car le patient doit répondre plusieurs dizaines de fois s'il sent ou non une odeur. Une fois les enregistrements effectués, ils sont compilés pour obtenir une sorte de profil moyen, ce qui permet de savoir si le signal olfactif est altéré au niveau du cerveau.
Les patients doivent attendre quelques jours connaître les résultats des tests. Ils détermineront l'intérêt ou pas d'une rééducation.
Des ateliers olfactifs pour stimuler la mémoire
Des millions de personnes ont vu leur odorat se volatiliser du jour au lendemain avec la pandémie de Covid. Une souffrance parfois minimisée par l’entourage et même par le corps médical. Pourtant, il est possible de réaliser une rééducation olfactive. Une dizaine de séances de rééducation olfactive sont généralement nécessaires pour obtenir un premier progrès. Pour beaucoup, cette rééducation est vécue comme une renaissance.
Autre enjeu de la rééducation olfactive chez les malades atteints de troubles neurologiques, stimuler également la mémoire en collaboration avec les orthophonistes.
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