Vertiges, oreilles et manipulations
Chaque semaine, en France, de nombreux patients consultent pour un vertige. D'où vient le sentiment que l'environnement tourne autour de soi ? Pourquoi ne peut-on le contrôler ? Que faire pour ne plus les subir au quotidien ?
Qu'est-ce que les vertiges ?
Le vertige est une sensation angoissante qui donne l'impression de tanguer, de perdre l'équilibre ou que tout tourne autour de soi. C'est une sensation très désagréable, inquiétante et répandue.
Si nous sommes capables de rester debout et de marcher sans tomber, c'est grâce à un système d'équilibration qui peut être comparé à un tabouret à trois pieds. Le premier représente les récepteurs de la plante des pieds, le second le sens de la vision, et le troisième le vestibule de l'oreille interne. C'est l'action des trois qui nous maintient en équilibre. Si l'un des trois flanche, on vacille comme un tabouret et on peut même tomber.
Au niveau des pieds et des muscles du corps, il y a des capteurs appelés propriocepteurs. Ils transmettent au cerveau des informations sur nos mouvements et notre position dans l'espace. Les cellules de la vision l'informent sur ce qui nous entoure ainsi que sur la position des différentes parties du corps.
Le vestibule, qui est le véritable centre de l'équilibre, se cache dans l'oreille interne. Il est formé d'un sac central qui renferme des cellules ciliées recouvertes de cristaux, appelés otolithes. Lorsque la tête se penche, les otolithes déforment les cils et les cellules envoient ainsi des informations sur la position de la tête.
Dans ce vestibule se trouvent aussi trois canaux semi-circulaires. Ils détectent les mouvements de la tête dans les trois plans de l'espace. Cette fois, un liquide présent dans les canaux stimule les cellules ciliées. Cela permet au cerveau de savoir si on avance ou si on recule par exemple. Quand les informations transmises au cerveau ne sont pas cohérentes, le vertige apparaît.
Déterminer la cause du vertige
Il y a de nombreuses causes de vertige, la plus fréquente étant le vertige positionnel paroxystique bénin. Bénin, il touche quatre millions de personnes chaque année, deux fois plus de femmes que d'hommes et peut commencer dès l'âge de 20 ans. Il se déclenche lors d'un changement de position, en se levant, se couchant ou encore en se retournant dans son lit. Il arrive souvent en deuxième partie de nuit. La personne a l'impression que la chambre tourne autour d'elle.
Le vertige peut s'accompagner de nausées ou de vomissements. En revanche, il n'y a généralement pas de problème auditif. Il ne dure en général que dix à vingt secondes (maximum soixante secondes, mais se répète. Il est donc inutile d'attendre que le vertige cesse de lui-même. Il faut consulter un ORL.
Plus on vieillit, plus le risque d'être atteint de troubles de l'équilibre est important. Au centre de recherche du CHU de Dijon, médecins et ingénieurs étudient la marche de personnes âgées de 65 à 90 ans ayant chuté au moins une fois au cours des six derniers mois. Leur objectif est de trouver les causes des pertes d'équilibre des personnes âgées.
Vertiges : établir un diagnostic
Pour faire un diagnostic précis des vertiges, il est nécessaire de réaliser une batterie de tests car les vertiges peuvent être provoquer par de nombreuses causes et peuvent mimer d'autres symptômes. Ces examens analysent les mouvements oculaires et mesurent les réactions des différents éléments de l'oreille interne. Le bilan est généralement assez long et se fait dans un cabinet d'oto-rhino-laryngologiste spécialisé.
Parmi les causes graves, ce peut être une tumeur de la fosse postérieure, entre le cervelet et le tronc central, à l'intérieur du cerveau. Ce peut être un accident vasculaire dans cette zone. Si c'est suite à un choc, ce peut être une hémorragie sous durale. La sclérose en plaques peut aussi donner des vertiges. Une tumeur cérébrale chez l'adulte ce n'est pas si rare.
Les autres causes plus périphériques sont généralement liées à l'oreille interne. La plus fréquente étant le vertige positionnel paroxystique bénin. Il touche 4 millions de personnes chaque année, deux fois plus de femmes que d'hommes et peut commencer dès l'âge de 20 ans. Il se déclenche lors d'un changement de position, en se levant, se couchant ou encore en se retournant dans son lit. Ce peut être aussi un kyste sur le nerf vestibulaire, un neurinome. Ils représentent 4 % des vertiges chez l'adulte. On trouve aussi les vertiges chez les jeunes enfants.
Un tour dans un fauteuil pour traiter les vertiges
Ces vertiges sont parfois très perturbants, mais ils ne constituent pas une maladie. Ils n'en sont que l'expression, le symptôme qui doit faire rechercher l'affection en cause. Il est en général inutile de lancer une batterie d'examens, comme le scanner ou l'IRM : neuf fois sur dix, un examen clinique suffit.
Il est complété par un examen que l'on appelle "vestibulaire", du nom de l'organe de l'équilibre. Pour rendre l'examen vestibulaire plus performant, un médecin ORL exerçant dans le Vaucluse a perfectionné le fauteuil généralement utilisé. Il en a créé un qui sert à la fois de moyen de diagnostic et de traitement, puisqu'il permet de remettre les cristaux en place.
Les traitements : médicaments et les manipulations
En première intention, les ORL peuvent prescrire des médicaments. Il existe des traitements contre les vertiges, soit certaines benzodiazépines ou méclozine par exemple. Ou l'acétyl-leucine, le piracétam. En cas d'inefficacité du traitement à domicile, à l'hopital peut comporte des corticoïdes, du piracétam, du mannitol en intraveineux ou certaines benzodiazépines.
Pour les patients qui souffrent de vertige positionnel paroxystique bénin, les manipulations fonctionnent bien, puisque neuf fois sur dix, ces vertiges disparaissent.
Vertiges : la rééducation vestibulaire
Pour soigner les patients atteints de vertiges, une rééducation s'impose et elle s'appelle rééducation vestibulaire. Elle consiste à améliroer l'interaction des oreilles internes (du vestibule) et des yeux, et elle peut aider le corps et le cerveau à s'adapter pour corriger les sources de déséquilibre. Elle s'effectue par un médecin ORL ou un kinésithérapeute spécialisé en rééducation vestibulaire.
Une rééducation pour retrouver l'équilibre
Quand la cause des vertiges est connue, on peut commencer une rééducation. Une rééducation très spécifique, peut aider le corps et le cerveau à s'adapter et à compenser d'importantes sources de déséquilibres. Les exercices sont adaptés à chaque patient et stimulent les différentes fonctions de l'équilibre.
Vertiges : le traitement par injections transtympaniques
Certains vertiges ne voient pas leur vertige s'améliorer suite à la prise de médicaments par voie orale. Dans certains cas, si le médecin ORL le juge nécessaire, une série d'injections de corticoïdes directement dans l'oreille peut être proposée aux patients.
La première étape de ce traitement consiste à injecter un anesthésiant. Deux heures sont nécessaires pour endormir tout le conduit auditif et la membrane du tympan réputée très sensible. Le médecin aspire alors le surplus de produit anesthésiant pour obtenir un conduit auditif parfaitement propre.
Dans cette oreille complètement endormie, il peut ensuite directement injecter des corticoïdes. L'aiguille traverse la membrane du tympan pour déposer le produit dans une petite fenêtre de l'oreille moyenne. "Les corticoïdes sont de puissants anti-inflammatoires qu'on utilise dans d'autres domaines que l'ORL. Et on pense que certains de ces mécanismes aigus de surdité, de vertiges sont liés à une inflammation directement au niveau de l'oreille interne et donc c'est contre cette inflammation locale qu'on veut lutter", explique le Dr Michel Kossowski, médecin ORL.
La tête du patient est ensuite inclinée vers le bas pour permettre aux corticoïdes d'atteindre l'oreille interne, la zone à l'origine des vertiges. Objectif : concentrer l'action des anti-inflammatoires pour réduire la pression des liquides dans l'oreille interne et ainsi atténuer les symptômes.
"Les injections de corticoïdes transtympaniques ne sont pas un traitement de diffusion courante, ce n'est pas non plus un traitement miraculeux et il y a des risques comme dans tout geste et notamment le fait de percer le tympan peut provoquer des micro-perforations résiduelles. Ce traitement n'est donc pas un traitement de routine", prévient le Dr Kossowski.
Les patients reçoivent entre deux et quatre injections sur une période de quinze jours. Difficile de prédire l'efficacité de ce traitement. Ses effets étant variables.
Quels traitements si les médicaments ne suffisent pas ?
Si les traitements conventionnels ne fonctionnent pas, une opération chirurgicale peut être proposée dans certains cas. Par exemple dans la maladie de Ménière, la chirurgie va de la pose d'un aérateur au niveau du tympan à l'ablation du labyrinthe. Ces traitements étant irréversibles, ils sont effectués après avoir évalué les bénéfices en regard des risques potentiels.