Prévenir l'ostéoporose grâce au sport
L'ostéoporose se caractérise par la réduction de la densité osseuse et par l'altération de l'architecture microscopique des os. Elle favorise la survenue de fractures à l'occasion de traumatismes mineurs. Toutefois, il est possible de prévenir l'ostéoporose grâce au sport. Le Dr Stéphane Cascua, médecin du sport, vous propose un programme pour lutter contre l'ostéoporose.
Les fractures les plus classiques dues à l'ostéoporose se situent au niveau du poignet, des vertèbres et surtout du col fémoral. À partir de 25 ans, nous perdons 1% d'os chaque année. Dès la ménopause, vers 51 ans en moyenne, le processus s'accélère et la densité osseuse diminue de 3% tous les ans. L'homme n'est pas épargné, mais la perte osseuse est plus insidieuse et débute plus tardivement.
Du sport contre l'ostéoporose
Le sport a trois modes d'action complémentaires : sur les os bien sûr, mais aussi sur les muscles et le cerveau. Premièrement, il faut des impacts pour avoir des os solides. L'activité physique a démontré son efficacité pour lutter contre l'ostéoporose et ses complications. Les os des sportifs sont 20% plus denses que ceux des sédentaires, jusqu'à 40% chez le senior actif.
En réaction aux lésions microscopiques provoquées par les impacts de la marche, de la course ou des sauts, l'os se reconstruit plus solide. On peut comparer ce mécanisme à celui des courbatures. Les microlésions musculaires, même celles qui ne sont pas ressenties, sont à l'origine d'une reconstruction musculaire plus volumineuse. Après une période de repos, le muscle prend de la masse, on parle de surcompensation.
L'os gagne en densité, les travées microscopiques sont plus nombreuses et plus riches en calcium. Mieux encore, il oriente l'architecture de ces structures dans l’axe des contraintes mécaniques.
Deuxièmement, il faut des muscles pour protéger les os. En effet, les processus de densification osseuse sont également stimulés par les tractions sur les os. C'est pourquoi la gymnastique et la musculation améliorent aussi la consistance des os. Les muscles servent également d'amortisseur en cas de chute. Si vous tombez, ils se contractent et constituent une gaine rigide autour du cylindre osseux. À la manière du béton armé ou d'un casque, l'ensemble forme une structure plus résistante. Les scientifiques parlent de "poutre composite".
Enfin, il faut un cerveau apte à gérer l'équilibre. L'exercice physique améliore la coordination et réduit le risque de chute. C'est probablement de cette manière qu'il se montre le plus puissant pour agir sur les méfaits de l'ostéoporose.
Quelle ordonnance sportive contre l'ostéoporose du senior ?
Le senior doit marcher, les fameuses 30 minutes par jour semblent un bon ordre de grandeur. Mais il faut aussi trottiner. Les balades actives alternant marche et course paraissent idéales. Elles sont à programmer trois fois par semaine et doivent durer 30 minutes à une heure. La gymnastique d'entretien permet de tirer sur les insertions osseuses et travaille la coordination. Une à deux séances par semaine sont conseillées.
Pensez aussi aux sports d'équilibre. Le tai chi a démontré son efficacité. Il existe aussi des ateliers équilibre. Pour cumuler l'ensemble des bienfaits, impact, renforcement et équilibre, la randonnée, le tennis en double ou la danse de salon sont de bonnes idées. D'autant qu'on y gagne aussi en convivialité ! En tout, trois à cinq séances hebdomadaires de ce cocktail sont recommandées.
Ne pas tomber dans l'excès de sport
Il y a des risques à trop en faire. En cas d'excès de sport, en cas de délais de récupération trop courts, les microfissures censées stimuler la formation d'os, finissent par se rejoindre. Ce sont les fractures de fatigue. Les études semblent montrer qu'au-delà de six heures de sport en charge par semaine, le risque de fracture de fatigue augmente.
Les risques de chute augmentent aussi. Les études montrent que les hommes se cassent le fémur deux fois moins souvent que les femmes. Mais classiquement, la fracture survient à un âge moins avancé et sur des sports à risque, habituellement le ski.
La natation, si fréquemment recommandée, ne sert à rien. Elle n'a aucun impact et pas de microtraumatisme sur les os. Il en est de même pour l'aquagym et même pour le vélo. Les études montrent que les jeunes nageuses de haut niveau ont une densité osseuse plus faible que les autres filles du même âge. Elles passent trois à cinq heures par jour en apesanteur comme des cosmonautes. Pareil pour 50% des cyclistes professionnels. Les longues heures d'apesanteur désentraînent l'os. Ces constatations sont à rapprocher des séjours en stations orbitales. Les cosmonautes sont eux aussi victimes très rapidement d'ostéoporose expérimentale et majeure.
Prévention de l'ostéoporose et de l'arthrose sont-elles incompatibles ?
Avec tous les impacts, les préventions de l'ostéoporose et de l'arthrose semblent contradictoires. Pour réduire l'usure du cartilage et lutter contre l'arthrose, il est recommandé de réduire les impacts et les frictions. A contrario, les activités entraînant un rodage articulaire sans écrasement polissent le cartilage. Idéalement, il s'agit du vélo et de la natation. Ces deux disciplines sont reconnues comme inefficaces pour lutter contre l'ostéoporose.
Le senior soucieux de sa santé, victime d'arthrose et d'ostéoporose serait-il condamné à choisir ? Non, au contraire. La course à pied à dose modérée n'est pas nuisible pour le cartilage. Cela est démontré par Zatarian, une étude sur quinze ans. Si on court moins de 30 à 40 km par semaine, on n'aggrave pas son arthrose. À l'inverse, les foulées provoquent des variations de pression qui nourrissent le cartilage.
En pratique, votre programme sportif doit alterner des activités différentes et complémentaires. D'un jour à l'autre, n'hésitez pas en enchaîner : footing, tai chi, natation, musculation, aquagym, danse de salon, etc. En variant les sports vous multiplierez les bénéfices et vous diviserez les risques.
Les jeunes aussi peuvent prévenir l'ostéoporose
Il s'agit d'un vrai placement pour l'avenir. L'os accroît sa densité jusqu'à 25 ans et tout particulièrement au cours de la puberté. Les études montrent que trois séances de 30 minutes par semaine, incluant des courses, des blocages et des sauts sont suffisantes pour optimiser la constitution des os. Il s'agit typiquement de jogging ou de sports collectifs. Là encore, nul besoin de préparer les JO. Avec ce type de programme, les adultes divisent par trois leur perte osseuse insidieuse.