Martinique : ce que l’on sait du régulateur de croissance utilisé illégalement sur les bananes
Des bananes de Martinique ont été traitées avec de l’éthéphon, un produit accélérateur de maturation dont l’usage est interdit sur ces fruits. Une enquête est ouverte pour déterminer les risques sur la santé.
Après le chlordécone, les bananes de Martinique sont au cœur d’un nouveau scandale. Le parquet de Fort-de-France a annoncé ouvrir le 25 août une enquête judiciaire suite à la découverte d'un usage frauduleux d’un produit phytorégulateur sur ces fruits.
Un produit qui accélère la maturation
Ce produit, l’éthéphon, est un régulateur de croissance. Il est pulvérisé sur les bananes plantains cueillies encore vertes pour accélérer leur maturation et donc leur coloration jaune. L'objectif est "de présenter à la vente des produits plus attrayants pour le consommateur", précise un communiqué conjoint du parquet et de la préfecture de la Martinique. Problème, son usage est interdit pour les bananes.
En Martinique, il n’est autorisé que pour la culture de l'ananas, afin d'en accélérer la floraison. Des traces d'éthéphon ont déjà été retrouvées sur 25 lots de bananes parmi 37 testés à différents stades de leur distribution. Les achats auprès des fournisseurs suspectés ont été immédiatement suspendus.
"Légèrement dangereux" pour le consommateur
L'enquête devra déterminer les responsabilités dans l'utilisation de ce produit et les conséquences sanitaires pour les consommateurs et les utilisateurs de l'éthéphon, précise le communiqué. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) classe l'éthéphon comme "légèrement dangereux" et assurait dans une étude en 2015 qu'il était peu susceptible de présenter un risque de cancer pour le consommateur.
Brûlures et lésions oculaires pour l'utilisateur
Mais le risque pour les utilisateurs est beaucoup plus important, car un usage non maîtrisé peut occasionner plusieurs types de symptômes tels que des brûlures de la peau, des lésions oculaires, des diarrhées, des crampes d'estomac ou l'augmentation de l'appétit.
La direction générale de la Santé, suivant un conseil de l'ANSES, préconise de ne pas consommer de bananes plantains soumises à l'application de l'éthéphon.
Les Antilles marquées par le scandale du chlordécone
La Martinique, comme la Guadeloupe, reste marquée par le scandale du chlordécone : un pesticide utilisé dans les champs de bananes des Antilles jusqu'en 1993, provoquant une contamination importante et durable des terres et des populations.
