#MeTooInceste : lancement d'une plateforme de témoignages
La Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants lance un appel à témoignages sur une plate-forme et une ligne téléphonique. Objectif : mieux comprendre les violences sexuelles faites aux enfants et mieux les protéger.
Écouter les victimes d'agressions sexuelles dans l'enfance, parfois murées dans le silence depuis des années, et s'inspirer de leur parole pour formuler une politique qui protégera les enfants.
C'est l'objectif de l’appel à témoigner lancé par la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).
Une plateforme d’écoute
"Les enfants victimes de violences sexuelles se dessinent souvent sans bouche. Nous, nous disons aux victimes : vous êtes écoutées et comprises, votre parole est crue, elle va permettre de construire une politique publique", explique le juge Edouard Durand, co-président de la Ciivise.
Une plate-forme et une ligne téléphonique dédiée, le 0-805-802-804 pour la métropole et le 0-800-100-811 depuis l’outre-mer vont donc recueillir la parole des victimes et de leurs proches, souvent soumis au silence imposé par l'agresseur. Une première étape dans un plan d’action plus large.
L’onde de choc #MeTooInceste
La Ciivise a été lancée en janvier dernier, dans le sillage de la publication de La familia grande de Camille Kouchner. Dans le livre, elle accusait son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, de viols sur son frère jumeau.
L’ouvrage avait provoqué une onde de choc, entraînant des milliers de témoignages sur les réseaux sociaux sous le #MeTooInceste. Car si le mouvement MeToo date de 2017, les victimes d’incestes étaient jusque-là restées plutôt silencieuses.
Comprendre l’ampleur du phénomène
Pourtant, les violences sexuelles faites aux enfants sont loin d’être anecdotiques. Selon une enquête de 2015, près de 15% des femmes et 4% des hommes ont subi des violences sexuelles au cours de leur vie.
Plus de la moitié des femmes et deux tiers des hommes ont subi ces violences avant 18 ans. Permettre à ces survivants de parler est essentiel pour comprendre l’ampleur de cette problématique.
Adapter le droit
"On est là. On vous écoute. On vous croit. Et vous ne serez plus jamais seules", avait promis en janvier le président Emmanuel Macron, se réjouissant que "la honte aujourd'hui change de camp", que "la parole, partout en France, se libère".
Il avait aussi promis "d'adapter notre droit pour mieux protéger les enfants". C’est la mission de la Civiise, qui doit formuler, à l'horizon 2023, des recommandations pour l'action publique.
Aller à la rencontre des victimes
La Commission a entendu des victimes d'inceste depuis le début de ses travaux en mars. "Les personnes qui parlent le font pour elles-mêmes, et aussi pour que, aujourd'hui et demain, les enfants soient protégés et puissent grandir en sécurité”, explique le juge Durand.
A partir du 20 octobre, les membres de la Ciivise iront tous les mois à la rencontre des victimes un peu partout dans le pays pour sensibiliser la population.
En organisant des réunions publiques, et en consultant des juges, médecins, acteurs des services sociaux etc. la Civiise part à la recherche de "bonnes pratiques" pour lutter contre les violences sexuelles faites aux enfants.