Oncogramme : un dispositif innovant pour personnaliser la chimiothérapie
A Limoges, un nouveau test permet de personnaliser la chimiothérapie pour la rendre plus efficace en cas de cancer colorectal.
Avec plus de 43 000 diagnostics posés chaque année, le cancer colorectal est l’un
des plus fréquents en France.
Il s’opère, se traite, mais aujourd’hui les médecins comme le Professeur Mathonnet,
chirurgien digestif, sont encore confrontés à un problème.
"La
chimiothérapie qui est donnée par voie orale, reste la base du traitement du patient
et c’est sur celle-là qu'on avait jusqu’à présent aucun moyen pour choisir celle qui marchait
le mieux, avec le moins d’effet secondaire…", explique le Pr Muriel Mathonnet, chirurgien digestif au CHU de Limoges.
Tester les médicaments sur la tumeur
Désormais le Professeur Mathonnet possède un dispositif
médical, un test permettant de personnaliser la chimiothérapie pour les cancers colorectaux avancés : l’oncogramme.
Le fruit d’une dizaine d’années de recherches menées à Limoges.
"L’objectif de l’oncogramme est très simple, c’est finalement ne plus tester les médicaments directement sur le patient
mais les tester d’abord sur la tumeur toute seule en dehors de son corps, de manière à
anticiper l’efficacité des médicaments et de choisir les combinaisons de traitement les plus
efficaces", explique Christophe Lautrette, président de Oncomedics.
Un fragment de tumeur arrive au laboratoire, il est
disséqué, puis ajouté à un milieu de culture. Il y a des nutriments dont se nourrissent habituellement les cellules
cancéreuses.
"Une fois qu’elles ont suffisamment proliféré, nous allons les prendre et les mettre avec
différents types de chimiothérapies pour savoir la résistance et la sensibilité de la tumeur et
donc forcément du patient", commente Tiffany Guerenne-Del Ben, chargée de recherche et de production à Oncomedics.
Tester la réponse aux chimiothérapies
Sept jours plus tard, les cellules cancéreuses sont donc mises en contact avec plusieurs chimiothérapies. Après trois jours de traitement vient le temps de l’analyse au microscope. Les cellules sont colorées pour être mieux identifiées.
"Sur la première chimiothérapie, on observe que les cellules sont majoritairement vertes,
donc vivantes, l’effet est assez minime, le patient est peu
répondeur. Au niveau d’une 2ème chimiothérapie, on retrouve majoritairement des cellules cancéreuses rouges donc qui sont en mort cellulaire.
Le patient sera alors sensible à cette 2ème chimiothérapie. Avec la 3ème, on constate qu'on a majoritairement que des cellules rouges donc des cellules mortes, il est fortement probable que le patient soit répondeur à
cette chimiothérapie", confie Tiffany Guerenne-Del Ben, chargée de recherche et de production à Oncomedics.
"Les tumeurs des patients, leurs métastases, sont des profils, des tumeurs hétérogènes. Chaque patient a un cancer colorectal avec un
profil de réponse et des réponses aux chimiothérapies qui sont différentes.
Chez
un même patient, la tumeur primitive développée au niveau du colon ne va pas avoir la
même sensibilité de chimiothérapie que les métastases qui se trouvent au niveau du foie et
du péritoine", conclut le Pr Muriel Mathonnet, chirurgien digestif au CHU de Limoges.
Doubler les chances de survie
Le nouvel objectif est de savoir si cette personnalisation améliore la qualité de vie et la survie
du malade.
L’efficacité du dispositif a, quant à elle, déjà été prouvée.
"On a pu démontrer et publier aujourd’hui que lorsque
l'oncogramme identifie un traitement auquel le malade est potentiellement sensible, on observe réellement cette sensibilité dans 84% des cas.
Ce qui permet pratiquement de doubler les chances du patient de répondre à sa première ligne de traitement d’un cancer
colorectal métastatique", se réjouit Christophe Lautrette, président de Oncomedics.
Des recherches sont également menées pour élargir l’utilisation de l’oncogramme aux cancers du sein, de l’ovaire, de la prostate et du poumon.