Pourquoi il faut s'attendre à de nouvelles pénuries de médicaments
Les pénuries de médicaments seront de retour l’hiver prochain, a affirmé le ministre de la Santé. Et ce malgré les projets de relocalisation de 50 médicaments, qui vont mettre du temps à faire effet.
La pénurie de médicaments n'est pas finie. Le ministre de la Santé et de la Prévention François Braun a prévenu mercredi 14 juin que des pénuries de médicaments se produiraient certainement encore l'hiver prochain, malgré les efforts entrepris pour optimiser la production de médicaments essentiels.
Des "difficultés dans les mois qui viennent"
"On va avoir encore des pénuries, des risques de
rupture de stocks. Cela va encore être compliqué l'hiver prochain", a
déclaré le ministre au micro de RTL, au lendemain des annonces du président de
la République sur des mesures de relocalisation et de renforcement des
capacités de production de médicaments jugés prioritaires.
Le président Emmanuel Macron, en déplacement sur un site de
production de médicaments en Ardèche, avait indiqué ne "pas totalement
exclure" des "difficultés dans les mois et les années qui
viennent", malgré les nouveaux projets de relocalisation de la fabrication
d'une cinquantaine de médicaments essentiels.
Ces projets se dérouleront en deux temps. Il s'agit dans un premier temps de rapatrier ou renforcer d'ici cinq ans la production de 25 médicaments "essentiels" dont des antibiotiques, des anti-cancéreux et des anesthésiques, pour la plupart des génériques.
Dans un second temps, 25 autres médicaments, pour lesquels la dépendance de la France à l'égard des importations extra-européennes est avérée, devraient suivre. Pour soutenir ces projets, plus de 200 millions d'euros d'investissements sont prévus.
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"Une écotaxe à l'entrée de l'Europe"
Mais les mesures de relocalisation mettront du temps à faire effet alors qu'il faut, selon les acteurs du secteur, agir à court terme pour endiguer les pénuries et prévenir l'apparition de tensions d'approvisionnement.
Pour "pérenniser ces relocalisations", il faut, selon France Assos Santé, instaurer "une écotaxe à l'entrée de l'Europe pour les entreprises qui préfèrent produire dans des pays où les normes sociales et environnementales ne sont pas respectées" et "sanctionner" les industriels qui ne répondent pas aux obligations de quatre mois de stocks pour les médicaments essentiels.
Retard de traitement, inefficacité, effets indésirables...
À l'hiver 2022-2023, les pharmacies avaient rapporté des pénuries de paracétamol et d'amoxicilline, un antibiotique largement prescrit aux enfants pour soigner les infections. Un problème qui touche également des médicaments dits "à intérêt thérapeutique majeur", du système cardio-vasculaire, du système nerveux (antiparkinsoniens, antiépileptiques) et les anti-infectieux. Les corticoïdes ne sont pas épargnés non plus.
En termes de santé publique, les pénuries compliquent le cours des traitements, avec de possibles retards de prise en charge, des risques d'inefficacité ou des effets indésirables lors du remplacement du médicament manquant par un autre.