Pourquoi le salaire des médecins intérimaires va être rehaussé de 20%
Le gouvernement a annoncé revaloriser de près de 20% le salaire maximum des médecins intérimaires à l'hôpital public. L'objectif : tenter d'éviter une grève et des fermetures de services à travers la France.
Une revalorisation de salaire de 20%. C'est ce que le gouvernement vient d'annoncer le 27 mars pour les médecins intérimaires, afin de ne pas pénaliser les hôpitaux en manque de main d'œuvre qui seraient forcés de fermer des services.
L'annonce faite par le ministre de la Santé François Braun lors d'une visite à Alençon survient une semaine avant un tour de vis annoncé sur l'embauche des médecins intérimaires.
Soutenu par la Fédération hospitalière de France (FHF) qui regroupe les hôpitaux publics, le gouvernement imposera en effet à partir du 3 avril le blocage du plafond de rémunération des intérimaires afin qui'il soit strictement respecté et ne puisse plus être dépassé.
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Un coût supplémentaire de 1,5 milliard d'euros
Et pour cause : le gouvernement ne veut plus de de ce qu'il appelle "l'intérim mercenaire", où certains praticiens font monter les enchères bien au-delà du plafond.
"Lorsque des médecins exigent 1 500, 2 000, 2 500 euros pour 24 heures, cela met en péril la continuité des soins (et) la sécurité financière de l'établissement", avait déclaré le 14 mars à l'Assemblée le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.
Le gouvernement et la FHF estiment que l'intérim médical représente un surcoût de 1,5 milliard d'euros chaque année pour les finances publiques.
1 390 euros bruts pour 24 heures
Pour faire passer la pilule et éviter un nouveau mouvement social, le gouvernement a donc décidé de revaloriser de 20% le plafond de rémunération, qui va passer de 1 170 euros brut pour 24 heures à 1 390 euros.
Il s'agit d'une "remise à niveau par rapport aux revalorisations qui ont eu lieu pour les médecins hospitaliers" depuis 2016, date à laquelle le montant de 1 170 euros avait été fixé, a précisé le ministère.
69 établissements sur la sellette
En effet, les enjeux sont de taille, car à travers la France, des hôpitaux, en particulier dans les villes moyennes, ont déjà prévenu qu'ils risquaient de fermer plus ou moins temporairement des services, faute de pouvoir recruter des intérimaires exigeant plus que le plafond.
Les fermetures pourraient notamment concerner des services clefs comme les urgences ou les blocs opératoires. Le Syndicat national des médecins intérimaires hospitaliers (SNMRH), vent debout contre tout plafonnement de la rémunération, a publié sur son site internet une liste de 69 établissements à travers la France qui pourrait être amenés selon lui à fermer des services.
"C'est toute la survie de nos structures hospitalières publiques, partout en France, petites et moyennes de proximité" qui est en jeu, a affirmé le 27 mars le syndicat dans une lettre ouverte aux élus.
Hausse de la "prime de la solidarité territoriale"
Pour tenter de desserrer un peu plus l'étau sur les hôpitaux en mal de praticiens, François Braun a également annoncé lundi la revalorisation de la "prime de solidarité territoriale", qui rémunère les médecins hospitaliers acceptant d'aller donner un coup de main dans les hôpitaux de leur région.
Il s'agit "d'un praticien en hôpital qui en plus de son travail habituel accepte d'aider un autre hôpital, en difficulté", dans des spécialités en tension comme les urgences, la radiologie ou la pédiatrie, a expliqué le ministre à Alençon. La revalorisation de la prime sera décidée localement par les Agences régionale de santé (ARS).
Mais le médecin hospitalier venu en renfort pourrait recevoir "jusqu'à 2 200 euros brut" s'il vient travailler 24 heures le week-end, et "1 700 euros brut" s'il vient travailler 24 heures pendant la semaine, a indiqué François Braun.