Pourquoi sommes-nous accros au sucre ?

Lorsque l'on commence à manger du sucre, il est souvent difficile de s'arrêter. Mais qu’est-ce qui provoque cette addiction dans notre cerveau ? La Docteure Diana Kadouch nous répond.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Peut-on être accro au sucre ?
Peut-on être accro au sucre ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

Un simple carré de chocolat se transforme souvent en tablette engloutie. Et pour cause : lorsque nous commençons à manger un aliment sucré, il est parfois très dur de s’arrêter, au point que nous en devenons presque accro. “C’est un sujet très important” selon la Docteure Diana Kadouch, médecin nutritionniste. “Beaucoup de patients [...] se plaignent justement d'un manque de contrôle quand on mange des aliments sucrés”. Ceux-ci ressentent des difficultés à équilibrer la balance entre besoin et envie, et se laissent avoir par cette dernière, notamment en fin de repas lorsqu’ils n’ont plus faim mais que la mousse au chocolat leur fait de l'œil…  

Tout un voyage dans le cerveau

“Il faut bien comprendre les mécanismes” qui surviennent dans notre cerveau, poursuit la médecin nutritionniste. Lorsque nous mangeons des aliments, sucrés ou non, ils envoient un message à notre cerveau, plus précisément à une zone située à sa base et appelée l’hypothalamus. Une fois l’information reçue, l’hypothalamus va libérer un neurotransmetteur bien connu : la dopamine, alias l'hormone du plaisir.

Cette hormone va ensuite voyager plus profondément dans le cerveau au niveau du “noyau accumbens” où elle est transformée en sensation de plaisir. Mais elle ne s’arrête pas là ! L’hormone poursuit sa route jusqu’au cortex préfrontal, à l’avant du cerveau, pour y être analysée : c’est le renforcement positif. “C’est comme ça d’ailleurs que vous êtes au courant que vous aimez a priori la mousse au chocolat !”

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Une libération de dopamine trop importante

Le problème de l’addiction au sucre repose sur cette dopamine. Lorsque nous consommons des aliments sucrés, la libération de cette hormone est très importante. C’est à ce moment-là que la balance “va pencher beaucoup plus sur le côté envie”.

Chez certaines personnes, “ça peut être un peu conflictuel" déplore la Dre Kadouch. Car la plupart des drogues (cocaïne, amphétamines, héroïne...) reposent elles-aussi sur cette libération excessive de dopamine, appelée système de récompense. 

Une nette différence avec la drogue

“Mais il y a quand même une différence” nuance la Dre Kadouch. “Ce n’est pas exactement le même fonctionnement neurobiologique” entre une prise de drogue et la consommation de sucre. De plus, manger reste un besoin physiologique et consommer du sucre (en quantités raisonnables) reste nécessaire à la survie. Ce qui n’est pas le cas de la drogue, qui déforme le système de récompense sans apporter de réel bénéfices à l’organisme.

“Le concept de dépendance alimentaire est très controversé dans le domaine scientifique” poursuit la médecin nutritionniste. “Il n'est pas classé comme une maladie mentale”. Cela peut causer de la détresse chez les patients, puisqu’ils ressentent une forme d’addiction sans pour autant être diagnostiqué et donc pris en charge. Le fait que la dépendance au sucre ne soit pas reconnue comme une maladie mentale “n’est pas une raison pour finir la tablette de chocolat !” conclut tout de même la Dre Kadouch.