Quelles sont les maladies que l’on peut attraper en se baignant dans la Seine ?
Malgré plus d'un milliard d'euros d'investissements pour accueillir les nageurs en eau libre des Jeux Olympiques de Paris, la Seine est toujours loin d'être un long fleuve propre et tranquille.
Une interdiction longue de plus d'un siècle. En 1923, il devenait illégal de se baigner dans la Seine, dans le but de prendre soin de la santé des Parisiens. 101 ans plus tard, voilà que des habitants de la capitale peuvent de nouveau faire trempette dans l'eau loin d'être cristalline du fleuve sans crainte de recevoir une amende de 15 euros. Mais pas n'importe qui : des personnalités politiques triées sur le volet, comme la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra ou la maire de Paris Anne Hidalgo.
L'importance de la météo et du débit de la Seine
Ce mercredi 17 juillet, au petit matin, la socialiste de 65 ans s'est présentée devant les caméras des médias de la France entière en combinaison de plongée, avant de s'immerger dans les eaux de la Seine. À un peu moins de deux semaines du lancement des Jeux Olympiques dans la capitale, cette "mise en Seine" intervient après la publication des résultats d'analyse des eaux du fleuve par l'ONG spécialisée Surfrider Foundation le 4 juillet. Des résultats favorables à la tenue des épreuves de natation en eau libre et de triathlon des Jeux Olympiques en plein coeur de Paris.
Après ces performances artistiques et politiques de natation, les prochains chanceux à profiter de l'eau de la Seine seront donc, selon toute vraisemblance, les nageurs olympiques en eau libre. Vont-ils pour autant concourir sans aucun risque pour leur santé ? Rien n'est moins sûr...
Car pour Françoise Lucas, microbiologiste de l'environnement et professeure d'écologie microbienne, "la possibilité, ou non, de se baigner dans la Seine dépend aujourd'hui principalement de la météo autour du fleuve les jours précédents : s'il pleut, les eaux usées vont être transportées et entraîner une pollution". D'autant que le débit de la Seine joue également un rôle important dans la diffusion de ces eaux usées tout au long du fleuve. Plus le débit est puissant, moins la nage est conseillée.
Des vaccins pour nager dans la Seine
Plus que les conditions météorologiques, c'est pourtant la qualité globale de l'eau du fleuve parisien qui inquiète toujours les amateurs de nage en eau libre. En mai dernier, la fédération britannique de natation avait annoncé que ses concurrents en eau libre et en triathlon allaient se faire vacciner préventivement en amont de la compétition contre la typhoïde et l’hépatite A.
Les participants devront également prendre des antibiotiques une fois la course terminée, "indépendamment de ce que montreront les échantillons d’eau", indiquait alors Hector Pardoe, l'un des nageurs du 10 km de la sélection anglaise. Il faut dire qu'au début de l'année, la qualité des eaux de la Seine laissait à désirer, et poindre l'éventualité d'une annulation des épreuves en eau libre.
En participant à ces courses, les nageurs s'exposent en effet à plusieurs maladies. "On pense notamment à la leptospirose ou à la legionellose", affirme Françoise Lucas, "mais également à d'autres virus ou bactéries, comme E. coli ou Campylobacter, qui vont entraîner des troubles gastro-entériques lorsqu'ils sont ingurgités".
Pour la microbiologiste, le plus important pour éviter tout risque de contamination reste de "ne surtout pas se baigner avec une plaie ouverte, même très légèrement, ou, à défaut, à bien protéger les blessures, avec un pansement étanche", rappelle-t-elle, car "c'est la porte d'entrée à tout genre de surinfections, et notamment la leptospirose, qui peut être particulièrement dangereuse."
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Qu'est-ce que la leptospirose ?
La leptospirose se contracte généralement dans un environnement humide contaminé par des urines d’animaux infectés, comme les abords d'un lac ou un fleuve. "La maladie est souvent bénigne, mais peut conduire à l’insuffisance rénale, voire à la mort dans 5 à 20 % des cas", précise l'Institut Pasteur. Les symptômes se caractérisent par des symptômes grippaux classiques, comme une forte fièvre, des maux de tête et des douleurs musculaires, qui peuvent ensuite évoluer "vers une atteinte rénale, hépatique, méningée ou pulmonaire" indique également l'Institut Pasteur. "Dans 20% des cas, elle se complique d’un syndrome hémorragique."
En se baignant dans la Seine, les nageurs peuvent aussi développer des problèmes de santé plus légers. "Si les yeux entrent en contact avec de l'eau polluée et contaminée, il est possible de développer une conjonctivite", prévient Françoise Lucas. Gare également aux otites, qui peuvent être douloureuses et apparaître après seulement quelques minutes de baignade, la tête sous l'eau.
"Ces menaces sont le lot commun de la quasi-totalité des cours d'eau douce sur la planète", note toutefois la microbiologiste, "les nageurs des Jeux Olympiques sont des compétiteurs de haut niveau et connaissent donc très bien les précautions à prendre avant de se lancer dans l'eau pour éviter tout risque de contamination ou de blessure".
Une fois les épreuves des Jeux Olympiques terminées, la prochaine étape sera d'ouvrir la Seine à la baignade pour monsieur et madame tout le monde. Trois sites de baignade devraient ouvrir en été 2025, pour permettre de barboter en famille, dans les eaux chaudes et opaques du fleuve. Un véritable rêve éveillé...