Feux d'artifices, pétards : encore trop d'accidents !
En Alsace, les premières heures de la nouvelle année s'accompagnent traditionnellement de l'explosion de nombreux pétards. Mais attention : manipulés sans précaution, ces explosifs peuvent devenir dangereux. Pour ne pas gâcher la fête, il est nécessaire de rappeler les risques qu'ils représentent lorsqu'ils ne sont pas entre les mains d'artificiers professionnels.
Conformément à une tradition germanique, les Alsaciens ont l'habitude de fêter la Nouvelle année dans un vacarme pyrotechnique : pendant une bonne partie de la nuit, pétards et feux d'artifice fusent de toutes parts, dans les rues, les jardins, voire sur les balcons.
En Alsace, après deux Saint-Sylvestre consécutives endeuillées par des accidents mortels liés à ce type d'explosifs, les autorités espèrent éviter cette année un nouveau drame. Le 1er janvier 2013, deux alsaciens de 20 et 24 ans ont trouvé la mort après avoir été blessé à la tête par un mortier. Un troisième est décédé l'an passé dans des circonstances similaires.
Mains, yeux, oreilles
Les principales blessures entraînées par ces explosifs sont des brûlures des mains, de la face et des yeux. Cela peut aller jusqu'au délabrement des membres lorsqu'ils renferment une charge explosive lourde ou lorsqu'ils sont manipulés par des enfants. Ces dernières années, plusieurs fêtards ont été amputés d'un ou plusieurs doigts suite à ces incidents.
Les pétards peuvent également causer des traumatismes au niveau de l'oreille, tels que la perforation des tympans, dus au bruit des déflagrations.
Les explosions sont aussi à l'origine d'atteintes au niveau des yeux (lésions oculaires) qui peuvent aller jusqu'à la perte complète et définitive de la vision.
Manipuler les pétards avec précaution
Des précautions simples doivent être prises afin d'éviter le pire : ne pas laisser exploser un pétard dans ses mains, ni à l'intérieur d'un objet pouvant devenir un projectile dangereux (une bouteille, une boîte de conserve, etc.).
De nombreux produits sont interdits à la vente pour les mineurs, par conséquent il ne faut pas laisser les enfants utiliser ce type d'explosifs. En règle générale, il est recommandé de les faire exploser dans des espaces ouverts et éloignés de toute personne, de ne pas utiliser des produits de fabrication artisanale et de vérifier à l'achat qu'ils sont estampillés "norme CE".
Les services d'urgences alsaciens en alerte
Pour le chirurgien de la main Philippe Liverneaux, qui dirige le service "SOS Mains" à Illkirch (banlieue de Strasbourg), habituellement en première ligne lors des nuits de réveillon, "les vrais problèmes commencent avec les collégiens, car c'est à partir de cet âge qu'ils allument des pétards tout seuls".
Le 31 décembre, les effectifs de son équipe seront, cette année encore, doublés. "On sera tous sur le pied de guerre. Les gens vont arriver en grand nombre, à partir de minuit et quart. Nous nous attendons à des lésions graves. Des vies foutues, à cause d'accidents idiots !"
Les autorités mobilisées
"Je fais tout ce qu'il faut pour parvenir à un bilan de zéro mort cette année, et j'espère qu'on y parviendra", martèle le préfet de région Stéphane Bouillon, dans un entretien à l'AFP.
Pour endiguer le phénomène, les autorités ont édicté une réglementation drastique. Comme l'an passé, seuls les plus petits pétards (dits de type C1 ou K1) sont autorisés. Les plus puissants, "Tigre", "Bison" et autres mortiers (fusées lancées depuis des pas de tir), cauchemars des services d'urgence, nécessitent des autorisations.
Les fêtards qui tenteraient de contourner l'interdiction en s'approvisionnant en Allemagne voisine - où les règles sont plus souples - risquent de se voir confisquer leurs achats à la frontière. Et les commerçants qui vendraient en Alsace des pétards interdits s'exposent à une forte amende. L'an dernier, une tonne de pétards et fusées illégaux avait été saisie par la police et la gendarmerie en Alsace.
La nuit du Nouvel An, la police multipliera aussi les contrôles dans les rues pour saisir les explosifs jugés trop puissants.
"Je ne veux pas éradiquer les pétards, mais je suis sceptique par rapport à une tradition qui fait chaque année une quinzaine de blessés avec des séquelles durables", souligne M. Bouillon.
Les autorités ont également mis l'accent sur la prévention : au cours des derniers mois, tous les élèves de quatrième du département ont reçu la visite de policiers ou de gendarmes venus les sensibiliser aux dangers de cette tradition.
"Le message qu'on a du mal à faire passer, c'est qu'il ne faut pas allumer un pétard dans la main. Il faut le mettre sur un support, même si c'est moins marrant", déplore le docteur Liverneaux. "Il y a un effet de groupe : c'est à celui qui allumera le plus gros pétard et le gardera le plus longtemps en main. Et puis l'alcool n'arrange rien, bien sûr", déplore le médecin.