Montbéliard : une maternité à nouveau interdite d'activités après un décès
Le service gynécologie de la clinique de Montbéliard ferme à nouveau ses portes pour des raisons de sécurité. Une enquête y a constaté de graves dysfonctionnements, suite au décès d'une patiente après une césarienne. En 2014 déjà le service avait été fermé temporairement pour les mêmes raisons. Le manque criant de personnel est particulièrement pointé du doigt.
Une fois de plus, l'activité de gynécologie obstétrique de la Clinique de Montbéliard a été suspendue. Une décision prise le 31 mars par l’Agence régionale de santé (ARS) de Franche-Comté en raison de «dysfonctionnements graves et récurrents» dans le service. En février, une patiente de 42 ans était décédée après une césarienne réalisée par l'équipe de la clinique. Cette suspension doit prendre effet le 7 avril, a précisé l’ARS qui justifie sa décision par les résultats d’une inspection qu’elle avait diligentée suite au décès.
Ce décès n'est pas une première pour la clinique de Montbéliard. En avril 2012 déjà, une autre patiente était morte dans les mêmes conditions, entrainant des sanctions disciplinaires pour deux médecins (qui font également l'objet d'une information judiciaire).
De nombreux précédents
A cela s'ajoute quatre autres dossiers, «dans lesquels est susceptible d’être mis en cause le service de gynécologie obstétrique de la Clinique de Montbéliard, qui sont actuellement en cours au cabinet du juge d’instruction» précise la procureure de la République de Montbéliard Thérèse Brunisso.
Il s’agit des décès de deux nouveau-nés au moment de la naissance, en avril 2012 et novembre 2013, et de deux cas d’hystérectomies (ablations de l’utérus) ayant provoqué des «dommages irréversibles à l’appareil urinaire», en 2010 et 2013. Le médecin mis en cause dans ces deux dernières affaires d'hystérectomies s’était suicidé en 2013.
Un seul chirurgien pour tout le service
L’ARS ne s’est pas prononcée sur les causes du décès de la patiente survenu en février dernier, renvoyant à l’enquête judiciaire en cours. Mais l’inspection qu’elle a diligentée «a mis en évidence des dysfonctionnements graves et récurrents en matière d’organisation, ne permettant pas de garantir la continuité et la sécurité des soins» a-t-elle expliqué.
Le manque de personnel est notamment pointé du doigt. Selon les observations de l'ARS en 2014, la maternité de cette clinique ne disposerait que d'un seul chirurgien gynécologue obstétricien alors qu'elle effectue plus de 700 accouchements par an.
Rétablir la qualité des soins et la sécurité des patientes
Rappelant qu’elle avait déjà suspendu l’activité de la maternité en 2014 pour des raisons similaires, l'ARS estime que l’établissement n’a pas respecté les engagements pris alors pour obtenir la levée de cette sanction. «Les engagements pris en matière de recrutement de praticiens ne se sont pas concrétisés» déplore l'ARS, demandant à la clinique de «prendre toutes les mesures nécessaires au rétablissement de la qualité des soins et de la sécurité des patientes et des nouveau-nés».
Lors de la suspension, les patientes montbéliardaises pourront toujours être suivies par leur médecin mais aucun accouchement ne sera réalisé dans le service. Les patientes seront réorientées vers le centre hospitalier de Belfort-Montbelliard.