Paolo Macchiarini, un sulfureux chirurgien dans la tourmente
EN BREF – L’institut de recherche Karolinska de Stockholm a mis fin ce 23 mars à un "Tchernobyl éthique" en licenciant Paolo Macchiarini, un chirurgien italien mis en cause dans la mort de transplantés et soupçonné de plusieurs fraudes scientifiques.
"Il est impossible pour l'institut Karolinska de poursuivre toute collaboration avec Paolo Macchiarini. Ses actes ont eu des conséquences tragiques pour les personnes concernées et leurs familles", a déclaré dans un communiqué le directeur des ressources humaines de l'institut, Mats Engelbrektson. Il ajoute que "son comportement a nui à la crédibilité de [l’institut] et de la recherche en général".
L'affaire Macchiarini, décrite dans le journal de médecine suédois comme un "Tchernobyl éthique", a fait exploser la direction de ce célèbre institut. Le recteur de l’institut, Anders Hamsten, qui avait blanchi Macchiarini en août 2015, de même que le secrétaire général de l'Assemblée Nobel [1], Urban Lendahl, ont tous deux démissionné en février. Le conseil d'administration a été en grande partie renouvelé.
Spécialiste de la chirurgie thoracique, le médecin de 57 ans avait gagné sa renommée en 2011 en réalisant la première greffe mondiale d'une trachée artificielle reconstruite à partir de cellules souches du patient.
Professeur invité de médecine régénérative à l'Institut Karolinska depuis 2010, il a au total réalisé trois opérations de ce type à Stockholm, et cinq autres ailleurs dans le monde. Or six des huit patients sont décédés.
"Nous voulons créer de nouveaux organes, comme Frankenstein", expliquait-il dans un documentaire à charge, diffusé par la télévision publique suédoise SVT en janvier 2016.
De lourds soupçons de fraude
Le médecin est également soupçonné d'avoir menti sur sa recherche scientifique et son expérience passée auprès de prestigieux centres de recherche médicale. "Paolo Macchiarini a fourni des renseignements incorrects ou trompeurs dans les CV remis à [l’institut]" et "a fait preuve de négligence dans sa recherche", souligne le communiqué.
La police suédoise mène une enquête contre le chirurgien pour homicide involontaire et coups et blessures.avec AFP
[1] L'Institut Karolinska est notamment en charge de la désignation du prix Nobel de physiologie et médecine.