Les femmes plus touchées par l'absentéisme au travail que les hommes
En 2017, le taux d’absentéisme chez les femmes salariées du privé était de 5,30%, alors qu’il était de 3,54% chez les hommes. Une différence due en partie aux postes occupés et à la répartition des charges domestiques.
L’absentéisme est à la hausse en France, d’après le dernier baromètre du groupe de conseil Ayming, publié le 6 septembre. L’étude, qui porte sur 46.540 entreprises et plus de 1,8 million de salariés, montre que le nombre de jours d'absence par an et par salarié est passé, entre 2016 et 2017, de 16,8 à 17,2. Et les femmes semblent nettement plus touchées que les hommes : l’année dernière, les taux d’absentéisme des hommes et des femmes étaient respectivement de 3,54% et de 5,30%. Selon Fabien Piazzon, expert de la qualité de vie au travail qui a piloté l’étude, trois facteurs sont à prendre en compte pour expliquer cette différence : les troubles musculo-squelettiques, la "charge du foyer" et le nombre important de familles monoparentales, gérées en majeure partie par des femmes.
Un organisme fatigué qui peine à guérir
Tout d’abord, le chercheur note que les femmes occupent plus souvent des postes à gestes répétitifs que les hommes. "Ce sont des métiers de conditionnement. Pour un tendon, ça peut avoir des effets très néfastes à moyen terme", explique Fabien Piazzon. Le chercheur donne l’exemple de la tendinite, qui peut générer un arrêt de trois mois. Ironiquement, ces postes, souvent qualifiés de "métiers de femmes", sont très physiques, d’où un risque accru de développer des troubles musculo-squelettiques.
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Autre cause de l’absentéisme chez les femmes : la fameuse charge mentale. "Les femmes passent une grande partie de leur temps libre à s’occuper du foyer", note Fabien Piazzon. Au travail, bien malgré elles, celles-ci continuent à organiser leur vie de famille et les tâches domestiques. Et de retour à la maison, elles ne trouvent pas réellement le repos. "La charge de la soirée, ajoutée au temps de travail, fatigue l’organisme, qui a du mal à guérir. Les absences durent donc plus longtemps", indique le chercheur.
Les familles monoparentales représentent 1/4 des foyers
Troisième élément pris en compte dans l’étude, la grande part de femmes à la tête de familles monoparentales. "83% des foyers monoparentaux sont gérés par des femmes", souligne Fabien Piazzon. La charge mentale est encore plus forte pour les salariées dans cette situation, qui n’ont pas de conjoint pour les épauler. Ces mères célibataires en difficulté sont d’ailleurs assez nombreuses, puisque les familles monoparentales représentaient 25% des foyers en 2014.
Résultat : les femmes salariées sont plus souvent en situation de stress que leurs homologues masculins. "Moins reposées, davantage exposées, leur santé est fragilisée et leur guérison plus difficile", résume l’étude. Mais Fabien Piazzon se veut optimiste, et constate une réelle prise de conscience quant à ces inégalités au sein des entreprises. Reste à appliquer les bonnes solutions pour y remédier. "Il faut adapter les conditions de travail en fonction de ce que vivent les salariés. Travailler en usine à la chaîne, ce n’est pas la même chose que dans un bureau. Il faut faire en sorte de modifier soit les gestes répétés, soit les situations de stress", conclut-il.